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16 janvier 2009

HOMMAGE AU PÈRE NORBERT

HOMÉLIE PRONONCÉE LORS DU DÉCÈS DU PÈRE NORBERT EN MARS 1979

Nous avons reçu de Janine RIVE, l'homélie prononcée le 19 mars 1979 par l'Archevêque de Rabat, Jean CHABBERT, lors des obsèques à Toulouse, du PÈRE NORBERT décédé le 17 mars.
Le Père Jean CHABBERT qui fut archevêque de Rabat entre janvier 1968 et juillet 1982, était entré comme le Père Norbert dans l'ordre des franciscains. Il se déplaça spécialement depuis Rabat jusqu'à Toulouse à cette occasion. Ils avaient à peu près le même âge. Le Père Norbert était né le 7 novembre 1918, l'archevêque en 1920.

Cette homélie permet de mieux connaître une personnalité importante dans l'histoire de BOU TAZOULT, puisque le Père NORBERT accompagna les familles de mineurs et que certains marocains l'appelaient le Marabout. Elle vient aussi donner du sens aux articles précédents qui nous ont déjà permis d'évoquer le Père NORBERT et d'indiquer comment son oeuvre s'est poursuivie jusqu'à aujourd'hui.

LA VOCATION
C'est en février 1938, alors que nous étions au Collège franciscain de Brive que s'est précisée d'une façon quasi définitive l'orientation de vie d'André DUBERNARD, notre frère NORBERT.
Nous venions d'apprendre la mort du Père Charles-André POISSONNIER, emporté par le typhus, alors qu'il soignait à Tazert les pauvres atteints par cette horrible maladie.
Depuis son arrivée au collège de Brive, le 28 septembre 1936, venant du petit séminaire d'Agen, nous avions rapidement sympathisé, l'un et l'autre, et d'emblée nous nous étions orienté sur le Maroc, stimulés par la lecture de la vie du Père Charles de Foucauld.
La spiritualité de Nazareth nous animait et nous nous demandions si nous pourrions la réaliser parmi nos frères franciscains au Maroc.
La vie et la mort du Père Charles-André à Tazert, ermite et infirmier à la fois, furent pour nous la révélation qu'il y avait, désormais, une manière franciscaine de vivre l'idéal du Père de Foucauld.
Pour le frère Norbert, le choix fut définitivement fait et rien ne put empêcher sa réalisation, avec cette volonté inébranlable qui le caractérisa toute sa vie.
La route était tracée, en laquelle il discernait la Volonté de Dieu, et tout devait plier devant son accomplissement. Tout plia, en effet, et tout y concourut désormais.
Agouim fut, dans la droite ligne de Tazert, la preuve irréfutable de l'objectif entrevu au Collège de Brive.
Voilà l'homme !
Cette volonté opiniâtre dépassant tous les obstacles, enracinée dans la conviction que Dieu voulait ça, fit du Frère Norbert un fondateur, un pionnier.
Que ce soit ici, dans le quartier de St-Cyprien (Toulouse) avec les francs-pionniers, la pré-JOC d'alors, avant son départ au Maroc, que ce soit à Marrakech avec les Compagnons Marrakchis, que ce soit à Agouim, le frère Norbert alla de l'avant, créa, mit en place, suscita la sympathie, entraînant avec lui des collaborateurs.

L'OEUVRE DE SA VIE
C'est à Agouim qu'il donna toute sa mesure. Après deux ans de présence à Tazert, il arriva dans le Sud Marocain le 13 avril 1953, avec le frère Salvator JEANNIN, afin de désservir les chrétiens qui travaillaient dans les mines du Sud. Il n'eut alors, de cesse de réaliser son rêve.
Il choisit Agouim, un des villages les plus pauvres du Sud, à 1700 mètres d'altitude, non loin du fameux col du Tichka.
Et alors que les autorités françaises du Protectorat étaient contre son projet, faisant tout pour l'empêcher et que l'autorité religieuse observait une neutralité bienveillante, seul avec le frère SALVATOR, il construit un dispensaire, une chapelle et une maison et le 12 mars 1956 il inaugura tout cet ensemble suscitant l'admiration de tous et en particulier de l'évêque d'alors qui n'en revenait pas et qui à partir de ce moment-là le soutint fermement.
Les malades ne cessant d'affluer au dispensaire, il se fait infirmier aidé du frère... mais il n'y a pas que des malades. Village déshérité, Agouim sollicite son zèle et petit à petit pour répondre aux besoins des populations et dans un souci de développement de la région, il lance avec le frère André LEDRU ici présent, un centre d'apprentissage de menuiserie, d'où sont sortis une cinquantaine de jeunes, ayant tous maintenant un travail dans le Maroc, parce que qualifiés dans leur métier. Et avec les Soeurs franciscaines de Marie, dont l'une d'entre elles Soeur MYRIAM, est parmi nous, il créa plus récemment un centre de formation féminine où sont actuellement formées plus de 80 filles de la région.
Impossible de l'arrêter, tant son souci des pauvres le hantait et son dynamisme l'emportait.
Voilà rapidement résumée l'oeuvre de sa vie.

L'oeuvre d'Agouim avec la chapelle, sa cloche discrète, le dispensaire et les salles de formation.

AGOUIM
cliquer sur la photo pour l'agrandir

Merci à Mamie Paulette pour cette photographie qui lui avait été offerte par le Père NORBERT et qui vient illustrer l'homélie du Père Jean Chabbert à l'occasion de son  décès.

L'HOMME DE DIEU
Ce fut un homme dans toute l'acception de ce mot.
Volontaire donc opiniâtre, résolu, rude certaines fois. Il fallait que ça marche, il entraînait les collaborateurs, les essoufflait parfois. Il savait soulever autour de lui de multiples sympathies, toujours prêt à l'action, ne s'embarrassant pas d'arguties théologiques il allait droit au but, dépassant toute critique, capable de faire plier la volonté de Dieu à la réalisation de ses desseins.
Un homme, oui et un véritable!
Volontiers taquin avec ses frères et soeurs franciscaines il avait le geste délicat et savait faire plaisir. Sous une carapace rugueuse, il y avait une très grande sensibilité, celle m^me qui le rendit si attentif à la misère de ses frères marocains.
Cet homme avait un coeur, en cela il était bien fils de St François.
Cet homme était aussi un homme de Dieu.
Oh certes, il n'avait pas le tempérament à veiller des heures en prière à la Chapelle. Sa mystique passait à travers son action.
Il ne s'embarquait pas dans de longues dissertations spirituelles.
Mais Dieu l'animait lorsqu'il soignait les maladies ou suscitait la promotion des jeunes de la région.
Dieu l'animait lorsqu'il défendait les ouvriers des mines d'IMINI, de BOU AZZER, de BOUSKOUR;
Dieu l'animait lorsqu'il poussait les chrétiens du Sud à l'amitié avec les Marocains.
Dieu l'animait au coeur de la petite fraternité franciscaine où frères et soeurs travaillent sans relâche pour et avec les pauvres du pays.
Dieu l'animait lorsqu'il envisageait de mettre en place ces derniers temps une coopérative pour que les gens du coin prennent en main leur sort et assurent un jour la relève.
C'était Dieu qui le poussait, l'Amour de Dieu le pressait.
Deux indices de sa profondeur spirituelle:
Tous les jours il méditait la Bible en arabe littéraire et tous les jours il disait le Rosaire.
- L' Évangile dans la langue religieuse du pays.
- Marie dont la maternité virginale est reconnue et vénérée par le Coran.
Voilà les points d'appui de l'homme de Dieu que fut Norbert.

LE MESSAGE QU'IL LAISSE
Aussi lorsqu'il fut frappé, il y a un mois par l'hémiplégie qui devait l'emporter, il fit face. Et lorsqu'il comprit que c'était l'heure, alors il alla jusqu'à l'extrême du sacrifice.
Le calme de ces dernières semaines à l'hôpital, sa patience, son courage imperturbable qui ont frappé médecins et infirmières ne sont ils pas les signes du don suprême qu'il fit de sa vie avec la même volonté qui toujours l'anima ?
Que sa famille ici présente soit fière de lui et accueille de notre part l'expression de notre admiration, de notre sympathie, de notre prière !
Que tous les amis qui partagent en ce moment notre peine, présents et absents, soient assurés de notre reconnaissance pour le soutien dont ils ont fait preuve auprès du Père NORBERT pour Agouim et, par lui, pour l'Église au Maroc.
Que nous tous ses frères et soeurs en St François, nous soyons prêts à recueillir le message qu'il nous laisse en l'actualisant selon nos diverses vocations !
Que l'Église enfin, représentée ici par notre communauté de ce soir, par vous tous laïcs, religieux, religieuses, prêtres, Monsieur le Vicaire épiscopal d'Agen, délégué de Monseigneur St-Gaudens, que le diocèse de Rabat en particulier tout en s'honorant d'avoir comme fils des Serviteurs de la trempe du frère NORBERT puisse à sa suite être au coeur de l'Islam le visage non défiguré de l'Amour de Dieu pour les hommes !

Tel est bien, pour nous, le sens de notre célébration autour du corps de notre frère, assurés que nous sommes, de l'accueil que le Père des Cieux ne peut manquer de faire à celui qui fut, à l'exemple de St-Joseph que nous fêtons aujourd'hui, "un homme juste, un serviteur fidèle et prudent, veillant comme un père sur Jésus le Fils unique" qu'il contemplait en chaque pauvre qu'il accueillait.
                                                                                                                AMEN !

Les intertitres et la photographie ont été rajoutés pour aérer le texte de l'homélie.

Celles et ceux qui voudraient voir les pages du document envoyé par Janine RIVE peuvent cliquer ci-dessous sur les vignettes, puis cliquer à nouveau pour les agrandir.

P P P P

Celles et ceux qui le souhaiteraient peuvent ajouter un souvenir, une pensée dans les commentaires.

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  • UN BLOG POUR LES IMINIENNES ET IMINIENS ORIGINAIRES DE BOUTAZOULT ET D’OUGGOUG SAINTE-BARBE DESIRANT : FAVORISER LEURS RENCONTRES, PROMOUVOIR L’ÉCONOMIE LOCALE ET UN MUSÉE DE LA MINE, MOTIVER LA JEUNESSE & L'ECOLE DE TIMKKIT
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