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BOUTAZOULT IMINI TIMKKIT 2008
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11 septembre 2009

CARNET DE VOYAGE DU VICOMTE EN 1883

UN VICOMTE MARCHEUR ET OBSERVATEUR FRANCHIT INCOGNITO L'OUED IMINI IL Y A 126 ANS ET SÉJOURNE À TIKIRT

QUELQUES NOTES SUR SON CARNET DE ROUTE MONTRENT SON ITINERAIRE DE DEMNATE À TAZENACHT ENTRE LE 8 & LE 25 OCTOBRE 1883. LE VICOMTE A DESSINÉ LUI MÊME LA PREMIÈRE CARTE DE LA REGION CAR IL N'EN EXISTAIT PAS ENCORE. La comparer avec une carte actuelle en cliquant ici: CARTE

 

Demnat_Tazenaght1893

 

CI-DESSOUS QUELQUES EXTRAITS DE SES NOTES MONTRENT SES ÉTAPES. Le Vicomte donne d'autres renseignements; ils ne figurent pas ici pour éviter les longueurs. Ces observations montrant la situation du pays à l'époque n'ont pas été reproduites , leur absence est signalée par les parenthèses (...). Elles seront communiquées partiellement plus tard.

8 octobre 1883 : Sidi Rahal : « …environ 1000 habitants ; au milieu s’élèvent une belle qoubba, où reposent les restes de Sidi Rahal, et une zaouïa, où vivent les marabouts, ses descendants ; ces derniers sont fort vénérés dans le pays.(… ) En dehors de l’enceinte musulmane, formant un faubourg isolé, se trouve un petit mellah. Jardins peu étendus.»

9 octobre 1883 : Ouad Rdat: "Quoique blad el makhzen, le pays n’est pas assez sûr pour marcher sans zetat, mais un seul homme suffit. Je trouve sans peine quelqu’un pour m’escorter. Départ à midi et demi. Un cours d’eau sort ici même du Grand Atlas. C’est l’Ouad Rdat (Ghdat). Il prend sa source au sommet de la chaîne, à la dépression considérable appelée Tizi n Glaoui, et en descend dans une direction perpendiculaire aux crêtes ; cette rivière trace ainsi une route courte et facile pour franchir la chaîne. Je m’y engage. Jusqu’au Tizi, je resterai dans le bassin de l’ouad, et pendant la plus grande partie du trajet j’en suivrai le cours. (…) Aujourd’hui je fais une étape très courte : je m’arrête à Enzel, village de 600 habitants, où je passerai la nuit ; il n’est que 3 heures lorsque j’y arrive. »

10 octobre 1883 : « D’Enzel à Tagmout, je suis la vallée de l’Ouad Rdat, telle que je l’ai décrite hier. Parti à 5 heures du matin, j’arrive à 11. Chemin faisant, je passe auprès des ruines d’un pont attribué par les uns aux chrétiens, par les autres à es Soultan Akheul : on cite toujours ces deux noms au Maroc dès qu’il s’agit d’ouvrages dont on ne connaît pas les auteurs (…) Plusieurs gros villages jalonnent la route : les deux principaux sont Ifsfes (600 habitants) et Zarakten (800 habitants). (…) Beaucoup de gibier ; quantité d’énormes de perdreaux : tout le long de la route, j’en vois courir à mes pieds ; ils se lèvent rarement ; on ne les chasse pas : quand les habitants veulent en manger, ils en tuent à coup de pierres. ». Sans appareil photo, il fallait savoir dessiner pour conserver la mémoire de ses observations; le Vicomte réalisait des croquis.IMG_0007

11, 12, 13 octobre : « Séjour à Tagmout. Le village a 800 ou 900 habitants. Situé sur le bord de l’Ouad Adrar n Iri, il est fractionné en plusieurs groupes qui s’espacent sur les premières pentes du flanc gauche de la vallée, au milieu des cultures et des jardins (…) Tagmout compte parmi les Aït Roba : cette fraction se compose de tout ce qui habite sur le cours de l’Ouad Adrar n Iri. »

ADRARnIRI1893

14 octobre 1883 : Passage du Tizi n Telouet "Départ à 6 heures du matin. Un zetat m’escorte. La route d’aujourd’hui peut se diviser en quatre portions. 1° de Tagmout à Titoula Tahtia : chemin extrêmement difficile ; montées très raides à travers les pierres ; région déserte ; sol rocheux, tantôt nu, tantôt boisé. 2° De Titoua Tahtia à Titouha Fouqia : on retrouve le cours de l’Ouad Adrar n Iri, (…) on le suit : les premières pentes et le fond de la vallée sont couverts de villages et de cultures ; orges et maïs, ombragés de noisetiers, de trembles, surtout de noyers ; ce fond de vallée a peu de largeur (…) chemin facile. 3° De Titoua Fouqia au col de Tizi n Telouet, où je franchis la crête supérieure du Grand Atlas. (…) Il est atteint à 4 heures du soir. (…) 4° J’entre ici dans la quatrième portion de mon trajet d’aujourd’hui : du Tizi n Telouet à Aït Baddou. On commence par une descente raide : c’est un passage dangereux, comme l’indique son nom, Taourirt n Imakkeren, ‘colline des brigands’ ; puis on débouche dans la plaine du Telouet ; sol plat, bonne terre couverte de cultures. Je m’arrête à 6 heures et demie, près de son extrémité sud, au petit village d’Aït Baddou. »

15 octobre 1883 : Suivre l'Ouad Iounil: Départ 7 heures du matin. Je rentre en bled es siba (…) En quittant Aït Baddou, on achève de traverser la plaine de Telouet. Puis on entre dans la région la plus désolée qu’on puisse voir : tout est roche (… ) Je ne quitte plus l ‘Ouad Iounil (Waounila) jusqu’au gîte : un moment je monte sur le sommet du flanc gauche ; un vaste plateau rocheux s’y offre à mes yeux : il s’étend à perte de vue ; le thym est la seule plante qui y pousse ; les gazelles sont les seuls êtres animés qui y vivent. À 3 heures je m’arrête à Tizgi (Tizgui-n-Barda), principal village du district de ce nom.»

Tisgui1893

16 -17 octobre 1883 Séjour à Tizgi (Tizgui-n-Barda). "J’ai été frappé, à mon entrée dans la vallée de l’Ouad Iounil (Waounila) , d’un des caractères qui distinguent le bassin du Dra : l’élégance des constructions ; j’en remarque ici un autre, plus im portant : il se rapporte à la race qui occupe le pays. Jusqu’à présent, je n’avais vu que des Imaziren blancs, ceux qu’on appelle Chellaha ; désormais, une bonne partie de la population se composera d’Imaziren noirs ou bruns, Haratin. Dans tout le bassin du Dra, je les trouverai mêlés aux Chellaha, dans une proportion d’autant plus grande que j’avancerai d’avantage vers le sud : dans la vallée même de ce fleuve, ils sont si nombreux que le nom de Draoui y est synonyme de celui de Hartâni ; sur ses affluents, ils existent aussi en grande quantité : c’est dans ce bassin qu’ils semblent s’être concentrés ; il n’ y en a point dans celui du Sous, très peu dans celui du Ziz. (…) Malgré cette égalité politique, malgré cette communauté d’origine reconnue, les Chellaha se regardent comme supérieurs aux Haratin, et ceux-ci ont le sentiment de l’infériorité. Ils cherchent à se relever en épousant des femmes de couleur claire. « Parle-t-on mariage ? dit un proverbe, l’Arabe demande : Est-elle de bonne maison ? le Chleuh, est-elle riche ? le Hartâni, est-elle blanche ? »

18 octobre 1883: Vers Tikirte: Départ à dix heures et demie. De Tizgi à Tikirte, on ne cesse de suivre le cours de l’Ouad Iounil (Waounila) ; une bonne partie du chemin c’est dans son lit même que l’on marche : ce dernier a ici 15 à 20 mètres de large ; la rivière y coule, tantôt en une seule masse de 5 mètres de large et de 30 centimètres de profondeur, tantôt y formant plusieurs bras, tantôt l’inondant presque en entier et étant alors très peu profonde. Depuis sa source jusqu’à son confluent avec l’Ouad Imini, elle a, quelque soit sa force, cette même manière irrégulière de couler. D’ici à Tikirte, sa vallée peut se diviser en deux portions, l’une jusqu’à son confluent avec l’Asif Marren (Marghene), l’autre au delà. Dans la première, le fond reste ce qu’il était au-dessus de Tizgi, large de 50 à 60 mètres, couvert de cultures, ombragé de beaucoup d’arbres. Les deux flancs sont toujours de grés rouge et très hauts : cependant ce ne sont plus des murailles perpendiculaires, si ce n’est à leur partie supérieure où se voient des cavernes (...). À une heure et demie j’atteins Tamdakht, village en face duquel l’Asif Marren (Marghene) se jette dans l’Ouad Iounil. La vallée change d’aspect : le fond s’agrandit et prend une largeur de 300 mètres ; il est couvert de cultures; les cultures qu’on voit ici à Tikirt n’ont aucune ressemblance avec celles d’auparavant: jusqu’à présent, une foule d’arbres ombrageaient les champs ; désormais on n’en verra plus, excepté aux abords des villages ; encore y sont-ils peu nombreux et parfois manquent ils. La rivière coule dans un lit de 40 mètres de large, moitié vase, moitié galets, dont l’eau n’occupe qu’une faible partie. Les flancs, tout en restant rocheux, s’abaissent peu à peu, le droit surtout ; il diminue graduellement, et disparaît à quelque distance de Tikirte. Le flanc gauche conserve une hauteur minima de 150 mètres au-dessus du niveau de la vallée, mais ses pentes deviennent de plus en plus douces ; sa couleur change : il n’a plus le rose ou le rouge du grès, mais une teinte blanche qu’il gardera jusque auprès de Tikirt ; là, variant de nouveau, il deviendra noir et luisant : à partir d’ici plus de cavernes.

plaine1893

Cliquer sur le croquis de la plaine de Tikirte dessinée par le Vicomte pour l'agrandir

La traversée de l'Ouad Imini: En face de Tikirt, s’étend une plaine triangulaire au confluent des ouads Iounil et Imini ; très plate, à sol de vase desséchée, elle se cultive en automne et est inondée en hiver. À l’extrémité de la plaine un étroit 'kheneg', se creusant entre les roches noires des montagnes, donne passage à la rivière. Un peu plus haut, un spectacle nouveau réjouit mes yeux : un bois de palmiers entoure le village de Tazentout ; c’est le premier que je voie : on approche du Sahara. À 5 heures, je parviens à Tikirt, où je m’arrête. Peu de voyageurs sur le chemin, quoique le pays soit très habité. L’Ouad Imini, que j’ai traversé avant d’arriver, a 9 mètres de large et 30 centimètres de profondeur ; peu de courant ; il coule au milieu d’un lit de gros galets, large d’environ 700 mètres. Cette rivière est moins considérable comme volume d’eau q ue l’Ouad Iounil, qui, deux heures plus haut, avait, avec un courant très rapide, la même profondeur que lui et une largeur de 10 mètres.

Tazentout1893

19-24 octobre 1883 : Séjour à Tikirte et visite de la région.(...une autre page prochainement sur la région à cette époque) Voir une video sur Tikirte aujourd'hui --> 2500 habitants

Tikirt1893

Tikirt: la demeure du Chikh

25 octobre 1883 : Vers Tazenakht: " Départ de Tikirt à 9 heures du matin. Je m’engage aussitôt dans un vaste désert qui s’étend, moucheté de loin en loin de petites oasis entre les trois ouads Idermi, Aït Tigdi Ouchchen et Tazenakht.(…)"

Il est intéressant pour les Iminiens et les habitants de la région de disposer de ces notes de voyage du Vicomte car elles permettent de se rendre compte de la vie avant la mine de manganese il y a plus d'un siècle. Le vicomte a remarqué les roches noires et les a consignées dans ses notes, mais il n'est pas géologue, il est plutôt géographe, il n'a pas identifié le manganèse. Des changements ont eu lieu depuis un gros siècle, chacun les aura notés: les villages beaucoup plus peuplés autrefois, un gibier abondant qui est devenu rare, les forêts ont reculé, le Vicomte ne parle pas de Ouarzazate et de son lac qui n'existaient pas encore, ... parmi ce qui ne change pas restent les oueds et leurs galets, même si certains ont moins d'eau aujourd'hui.

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Commentaires
L
BONJOUR <br /> <br /> C’est toujours un plaisir de voir les blogs d’Imini qui est en quelque sorte notre cordon ombilical avec notre grande famille.<br /> Les blogs disposent d’un atout c’est que c’un point de rassemblement virtuel de beaucoup d’Iminiens. Pour cela et afin de profiter de cet opportunité, je demande aux personnes qui disposent d’anciennes photos et au responsable du blogs de constituer un album de photo et de vidéo par rubrique (école, la mine, fête, association……..). Cet album sera une mémoire vivante pour nous et pour les générations futur qui seront plus branché Internet que nous. <br /> Cela pourra être aussi un produit de l’association en gravant ces mémoires sur CD.<br /> Grand bonjour aux familles :<br /> HERDA, AZAYOU, HEBAZ, DECLERCK, ZAKI, FAIQ, BENTALEB, BRISMEE, BIRKOU, LAZARO, GILETTE, SALEM, AFGOUR.<br /> HASSAN LAAMEL
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