LIONS DE L'ATLAS AU NORD D'IMINI
LES LIONS DE L'ATLAS AUTREFOIS AU DESSUS D'IMINI
LE DERNIER LION DE L'ATLAS À L'ÉTAT SAUVAGE FUT ABATTU EN 1943 AU TIZI N'TICHKA. L'ESPÈCE A DONC DISPARU À L'ÉTAT SAUVAGE, CEPENDANT DES LIONS DE MÊME RACE SONT ENCORE EN VIE DANS DES ZOOS. L'espèce n'a pas totalement disparue, mais son retour à l'état sauvage reste problématique. De nombreux contes berbères racontent des histoires avec des lions ( IZEM ). Certains lions comprennent le langage des berbères et même le parlent d'après certains conteurs. C'est que le lion fait partie de l'identité du pays -->Video
Vers 1930 un avion volant à basse altitude au dessus de l'Atlas avait réussi à en photographier un , nullement effrayé, il avançait majestueusement comme un grand seigneur sur ses terres, sachant qu'il allait en être dépossédé.
Le lion de l'Atlas ou de Barbarie (berbère) dispose d'une crinière beaucoup plus volumineuse que celle de ses cousins africains, beaucoup plus sombre et même parfois noire elle va jusqu'au milieu du ventre. Le lion de l'Atlas ne vit pas en groupe de plus de deux à quatre membres adultes. Beaucoup plus robustes que d'autres espèces de lions, ils peuvent dépasser les 300 kilos.
Léon Roches en 1903 a publié un récit d'une chasse aux lions dans l'Atlas à laquelle il a pu assister plusieurs années avant la publication de son récit. Il y a donc bien plus d'un siècle.
Léon Roches n'avait pas pris comme le Vicomte Charles de Foucault le déguisement d'un rabbin, mais s'était fait adopter en pratiquant les coutumes musulmanes. Il avait eu le privilège d'être invité à cette chasse et Sidi Lantseri veillait sur lui. Il raconte une grande chasse aux lions organisée avec 200 cavaliers et autant de fantassins et souligne l'importance des chiens, de leur silence et de leur courage :
« Dès que le jour commença à poindre, nous montâmes à cheval. Je compte environ deux cents cavaliers, qui étaient précédés par un nombre égal de fantassins, la plupart armés de fusils ; les autres tenant les chiens en laisse.
« Le chef de la chasse, cavalier et chasseur renommé ordonna aux traqueurs de lâcher les chiens de piste, qui sont d'une race très petite et qui, seuls de tous les animaux, n'ont pas peur du lion, sans doute parce que celui-ci les méprise à cause de leur taille exiguë. - Ils ne donnent jamais de la voix en suivant la piste, mais dès qu'ils aperçoivent le lion, ils poussent un petit aboiement aigu, auquel les traqueurs ne se trompent pas. La tradition dit qu'ils doivent alors prononcer d'une voix tranquille : « Le lion n'est pas là». « Le lion qui comprend, disent les Arabes, qu'il n'a pas été aperçu et que pourtant une attaque est dirigée contre lui, quitte sa tanière et cherche à se cacher, en se faufilant derrière les massifs de lentisque ». Car, il ne faut pas l'oublier, le lion a peur de l'homme.
« Au bout d'une heure de quête par les traqueurs et leurs roquets, pendant laquelle le plus grand silence régnait parmi les chasseurs, nous entendîmes deux petits cris aigus, poussés à quelque distance l'un de l'autre. Deux animaux étaient donc signalés. La tanière du lion était creusée dans un rocher abrupt. Les cavaliers formèrent un grand arc de cercle, dont les deux extrémités aboutissaient à la base de la colline à laquelle était adossée la tanière du lion.
« Le terrain compris entre elle et la ligne de cavaliers était légèrement incliné vers la plaine.
« Les fantassins armés formèrent en même temps un cercle plus étroit parallèle à celui des cavaliers. J'étais place au centre à côté de Sidi Lantseri. Nous pûmes apercevoir distinctement le lion qui se dérobait entre les maquis. Le cercle se resserrait. Deux ou trois coups de feu retentirent, nous vîmes alors le noble animal s'élancer en quelques bonds sur une large clairière, se coucher à plat ventre, appuyer son énorme tête sur ses deux nattes de devant et se frapper les flancs de sa queue avec une telle force, que nous entendions résonner les coups.
« La fusillade crépita; les chasseurs étaient ou bien émotionnés, ou bien maladroits, car le lion se contentait de secouer les oreilles, tandis que les balles soulevaient la terre autour de lui, le cercle se rétrécissait de plus en plus, le lion fit d'un coup trois énormes bonds et deux hommes tombèrent.
« Il se coucha de nouveau, fit encore trois bonds, et trois hommes furent renversés; puis il força le cercle des fantassins, arriva aux cavaliers qui prirent la fuite à son approche et s'élança dans la plaine; mais il était blessé et ne tarda pas à être achevé par des cavalier plus hardis qui le poursuivirent.
A peu près en même temps, la lionne forçait le cercle des fantassins dans notre direction. Je voulais suivre les cavaliers qui se mirent à sa poursuite, mais Sidi Lantseri saisit les rênes de mon cheval et me retint auprès de lui. Un des cavaliers fut renversé ainsi que son cheval par la lionne qui atteignit les maquis voisins et disparut. Les deux lionceaux âgés de quatre mois avaient été tués. »
Léon ROCHES. - Dix ans à travers l'Islam. 1834-1844. Paris, Perrin et Cie, 1904, in-18, pages 59 à 61.
"Le lion n'est pas là" disent les traqueurs d'une voie tranquille afin que le lion (qui a peur des hommes) entende cette parole et la comprenant sorte de sa tanière. Gardons le souvenir de ces traditions qui ont façonné les mentalités des hommes et des femmes du pays d'Imini.