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5 février 2010

DÉCOUVERTE DU MANGANESE À IMINI

LA DÉCOUVERTE DU MANGANESE À IMINI

Au début du 20e siècle trois géologues avaient repéré des affleurements de gisements de manganèse, sans pouvoir mesurer leur importance. Nous avons déjà fait une page sur leurs travaux (Archives 30 juin 2009). Il s'agissait de Louis GENTIL, Paul LEMOINE et Abel BRIVE.

La première photo que nous connaissons de la première prospection sérieuse a été publiée par Léon MORET dans la Revue de géographie des Alpes en 1930 N°18-2.

RgaL_on_Moret1930N_18_2p302

Il s'agit d'une excavation suivi d'un forage dans la roche, malheureusement peu visible sur cette photographie trop contrastée et à contre-jour. Du personnage indiqué sur la légende seuls les pieds et l'ombre apparaissent. D'après Léon MORET ces travaux, conduits par un européen dont il ne donne pas le nom, mais qui très vraisemblablement est Georges CANTAREL ont été financés par le Caïd du lieu, probablement celui de TIDILI, de la famille du Glaoui qui contrôlait la rive droite de l'Imini. Georges CANTAREL géologue sera employé  par la Société Mokta el Hadid et non par la SACEM. Une autre page sur ce blog ( archives 12 juin 2009) montre une expédition géologique qu'il fit en 1952 vers les confins algéro-marocains avec M. Decailloz et Kafayeur.

Léon MORET qui participa à l'établissement des cartes géologiques du Maroc, donne dans cette revue alpine l'état des connaissances sur le manganèse de la vallée de l'Imini auquel il prédit un grand avenir. Il est important d'avoir accès au texte précis de son article pour en mesurer l'intérêt. Le géologue emploie des termes techniques peu familiers à des non-spécialistes, mais malgré cette difficulté il est possible pour un profane de comprendre le plus important de son article.

Les ressources minérales et les mines du Maroc

Conférence faite à Grenoble le 3 mars 1928 et réactualisée pour sa publication en 1930.

Gisement de l’oued Imini (Versant sud de l’Atlas de Marrakech):

"Ce gisement a été prospecté tout récemment. Il est situé dans une région qui n’est accessible que depuis peu, mais qui va se trouver sur le point de passage de la grande route autocyclable du Sud qui franchit le Haut-Atlas au Tizi n’Tichka. Les hauts plateaux mesozoïques et tertiaires du versant sud de l’Atlas sont découpés par des vallées conséquentes, dont celle de l’Oued Imini, à 20 km environ au sud de Telouet, une boutonnière de schistes anciens (probablement carbonifères) prend en écharpe la vallée ; elle correspond à un anticlinal très doux qui dégénère en flexure vers l’Est. Le long du bord sud de la boutonnière, le Permotrias, qui repose en discordance sur le socle hercynien, est très réduit et n’est représenté que par quelques mètres de grès et de calcaires dolomitiques rouges (Photo II B)

Il n’y a pas ici de coulée de basalte doléritique, coulée qui existe cependant dans toute la zone, au sommet du Trias, et le Crétacé, représenté par des formations gréseuses rouges, repose directement sur les grès rouges triasiques dont il est séparé par un niveau d’oxyde de manganèse plus ou moins pulvérulent et d’allure lenticulaire. Certaines lentilles sont assez épaisses et présentent une extension assez grande ; en tout cas, les affleurements fertiles se poursuivent sur plusieurs kilomètres, toujours au même niveau. Quelques travaux de recherches ont été exécutés par un européen à la solde du caïd local.

Ce qui est intéressant du point de vue de la genèse du gîte, c’est que là où apparaît le minerai disparaissent les basaltes. On peut se demander si ce gîte ne résulte pas du remaniement d’un gîte antérieur et de la destruction des roches basiques sous l’influence du climat tropical ayant régné postérieurement à ces éruptions de la fin du Trias. (17)

Le gisement de l’Imini semble devoir être intéressant, quoique a priori le minerai soit de moins bonne qualité que celui de Bou Arfa. En tout cas sa situation au voisinage de la grande route de pénétration vers le sud, ne peut qu’accroître son intérêt.(...)

Conclusion : Le gisement de l’Imini semble appelé à un avenir certain."

Note 17 – Un effleurement de manganèse, dont les conditions de gisements semblent très analogues, existe le long de l’Oued Sous, très en amont de Taroudant.

Martine Moulinou nous a appris que son père, le grand directeur qui a présidé au développement de la SACEM à Imini avait d'abord étudié le gisement de Taroudant en 1936 car il se trouvait plus près d'un port que celui d'Imini. Cependant comme le gisement d'Imini était bien plus prometteur il fut choisi malgré les énormes difficultés de transport.

Plus tard en 1967, dans son Manuel de sédimentologie, André VATAN (p. 212 Ed. Technip) publiera l'état des connaissances sur les minerais de manganèse en prenant l'exemple d'Imini. Le blog a déjà publié une page sur l'origine du manganèse à partir des travaux de Mohamed RHALMI (archives du 23 janvier 2009).

Les minerais de manganèse sédimentaires:

"Signalons enfin que les roches sédimentaires, con sidérées comme réservoir pour les minerais, jouent un rôle important en ce qui concerne le manganèse. C’est le cas, semble-t-il du gisement de l’Imini, dans le Sud marocain ; aussi en donnerons-nous une description rapide. Ces gisements jalonnent les faciès méridionaux côtiers du Crétacé moyen. Sur un socle ancien, vient une série transgressive avec conglomérats, sables, grès et argiles rouges, surmontés d’une barre dolomitique d’une dizaine de mètres d’épaisseur, du Cénomano-Turonien. C’est elle qui , surtout, renferme le manganèse. Puis vient une nouvelle série détritique rouge, du Sénonien. Le gisement s’étend sur environ 25km en direction E-NE, à peu près parallèlement à la bordure du bassin. Dans la direction perpendiculaire, le gîte n’a pas plus de 4OO m.

Les couches minéralisées, C1 et C2, (surtout potianite), se trouvent soit à la base des dolomies, soit au sommet des grès inférieurs. Le mur est très régulier ; le toit, au contraire, est marqué de remaniements. La limite Nord de la zone minéralisée est très nette : on passe rapidement de la dolomie très riche à une dolomie stérile. Vers le sud au contraire, les deux couchent s’amincissent et se rejoignent.

On a beaucoup discuté de l’origine de ce gisement ; l’idée la plus répandue, est qu’il s’agit d’un gîte sédimentaire. La netteté du contact, au mur, et les remaniements, au toit, prouvent que le manganèse est contemporain de la sédimentation. On peut donc penser que les dolomies ont agi à la manière d’une roche réservoir. Le manganèse déposé proviendrait de l’altération des laves et des filons manganésifères du socle."

A propos de modernité, ajoutons un autre extrait des écrits de Léon MORET pour mieux faire comprendre les difficultés qu'ont rencontré les premiers géologues au Maroc:

"Le Maroc est resté tres tardivement un pays mystérieux. Pendant longtemps en effet, l’accès en a été difficile et dangereux pour l’Européen du dernier siècle, gardé qu’il était par de farouches tribus berbères jalouses de leur sol qu’elles croyaient habité par des génies irritables. Dans de telles conditions le travail des explorateurs et des prospecteurs devait être extrêmement précaire.

Gratter le sol, donner ça et la quelques coups de marteau, c’était réveiller les génies de la terre et exposer à leurs représailles toute une population craintive qui n’en avait cure, ayant déjà bien d’autres préoccupations. Autant dire que tout travail sérieux, tant dans le domaine de la géologie pure que dans celui de la géologie appliquée, de la prospection, était alors impossible."

Le blog Timkkit2008 est heureux de présenter aux Iminiens ces écrits méconnus de spécialistes, afin de leur permettre de mieux connaître l'histoire de leur vallée et des mines qui ont fait la célébrité dans le monde de toute une région.

 

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