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BOUTAZOULT IMINI TIMKKIT 2008
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26 mai 2011

BOUTAZOULT, LE ROUGE TE VA SI BIEN !

Jean-Yves TRAMOY, de retour des mines d'Imini, prends le temps de partager avec nous ce qu'il y a retrouvé.

"Maroc, je t'aime. A regret je te quitte.

A l'heure du départ, Marrakech-Ménara ressent les vibrations de tes tambours gnaouas portés par le vent depuis Jemââ el Fna, les parfums de la médina flottent, mêlées aux effluves de kérosène, et miroitent sur la piste d'aérodrome, comme des vaguelettes de chaleur derrière les réacteurs. Sont-ce de vraies senteurs ou des mirages cérébraux induits par le désir d'emporter l'Important ? 

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 © Photo Tramoy

Maroc, chaque jour vécu sur ton sol est émotion, émotions, de l'arrivée jusqu'au départ. Sous le soleil ou sous la pluie, en ce joli mois de mai.

Bou Tazoult, le rouge te va si bien sous ton écorce de terre coulant le long de tes flancs ouverts par des torrents de pluie. Tes pierres roulent dans la crevasse tortueuse, entraînant avec elles les plantes et les arbres.

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Éboulis  © Photo Tramoy

Leurs graines renaissent plus loin, enfouies dans le ravin : les tiges croissent et se redressent peu à peu vers le soleil printanier. 

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Crevasse reverdissante  © Photo Tramoy

Ainsi perdurent les troncs mille fois avilis, coupés, sciés, abattus, et leurs branches repoussent timidement, méfiantes, apeurées à l'idée de subir à nouveau l'assaut sauvage des haches. Tamaris, eucalyptus, oliviers font mieux que résister aux amputations sévères, et vont chercher dans cette terre nourricière les vitamines indispensables à leur cicatrisation, à leur repousse, à leur renaissance. Ils s'étalent au soleil, cambrent leur tronc, étirent peu à peu leurs bras au sortir d'un long sommeil, et fournissent l'ombre protectrice aux plantes tendres et fragiles courant à leur pied. 

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Les plantes fragiles à l'ombre  © Photo Tramoy

Ils montrent à l'homme la voie de la sagesse : la vie doit perdurer dans ces contrées abandonnées pendant de si longues années. Tous ces végétaux vivants ont démontré que loin des sources jaillissantes, des cascades bruyantes se dissimulent des filons, minces filets d'eau profonds, tenus, des réserves de sève, de sang géniteurs de fleurs, d'herbes, de fruits, de nourritures pour les animaux et pour l'homme. La chaîne alimentaire renaît de ses cendres.

Une vie après le manganèse ? Lui-même est-il inépuisable ? Inépuisé. Rentable dans la nouvelle configuration mondiale économique ? La vie est là, au sein de cette nature d'apparence hostile. Autrefois domestiquée, arrosée, et baignée généreusement, arborée, jardinée, productrice. Telle la corne d'abondance, cette terre rouge de beauté a donné à profusion. Aujourd'hui, sous la terre ocre, le fil noir serpente, il ondule, passe sous les maisons, se cache sous l'école, affleure la surface avant que de disparaître à nouveau, joueur, cabotin, rusé, mais source de vie parce que de travail. Les puits et descenderies disséminés dans le jebel témoignent de l'intérêt manifesté à son encontre. 

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Descenderie près du cinéma  © Photo Tramoy

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Puits dans la maison  © Photo Tramoy

Manganèse-eau ; eau-manganèse : l'association miracle, l'oasis de l'homme dans un univers où « poussent » des milliards de cailloux. Intimement l'homme dépend d'eux. Que serait-il sans eux ? Le manganèse a eu l'initiative, puis l'homme a cherché l'eau. L'eau pour sa survie, l'eau pour son projet industriel, l'eau pour ses loisirs et son cadre de vie, l'eau pour lui garantir son ombre et sa fraîcheur sous le soleil de plomb. 

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Mai 2011 beaucoup plus verdoyant que mai 2010  © Photo Tramoy

Homme, tu as construit les bâtiments de la mine pour exploiter le minerai noir, les maisons pour abriter les travailleurs et leurs familles, les écoles pour l'éducation de leurs enfants, et les dispensaires pour la santé de tous.

Homme, tu as bien construit. Rien n'est tombé à terre, hormis par agression. Les fissures des enduits témoignent de la dureté du climat, telles des plaies causées par les intempéries, la pluie, le gel et aussi la canicule qui attaquent les toits, insinuant les gouttes pernicieuses dans la maçonnerie. Les pierres solidement jointoyées restent unies, se découvrent peu à peu sous la lèpre du ciment ; mais les maisons vivent debout, leurs huisseries étanches au vent. 

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Cabine de la piscine  © Photo Tramoy

Les habitations se fondent dans le paysage. Telles le caméléon. Leur rose initial se détache sur la montagne moirée et arborée à la lumière douce du levant, puis disparaît, trop exposé à la lumière du zénith. Les maisons se métamorphosent. Au couchant, elles sont de retour dans l'horizontalité des plantations, tranchant sur les palissades de roseaux parsemées de géraniums rouge vif, de griffes de sorcière jaune ou mauve. Peu à peu, l'obscurité les enveloppe, et elles glissent dans l'anonymat d'un ciel bleu marine constellé d'étoiles.

On dit que, dans la nuit, des voix murmurent d'arbre en arbre, les tamaris bruissent dans leur ramure fine, les oliviers et les eucalyptus agitent leurs feuilles bicolores, ils partagent les nouvelles de la journée passée, organisent déjà la suivante.

Cà et là quelques grenouilles coassent, dans quelque flaque d'eau, à la recherche des insectes nourriciers. Les renards furètent en quête d'une proie imprudente, avant de regagner prudemment leur terrier avant le premier rayon lumineux.

Le minerai a conduit l'Homme dans cette vallée, l'eau lui a offert les moyens d'y demeurer. L'Homme en est parti, l'Homme y est revenu. Des ombres bleues coiffées d'un casque de couleur vive investissent quelques maisons, marchent jusqu'à leur chantier et brisent le silence de la solitude iminienne. 

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Ouvriers devant la maison COTTIN  © Photo Tramoy

Ils sont les nouveaux clients de Si BOUSTA, le seul commerçant restant à Bou Tazoult, … depuis toujours. 

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Si BOUSTA  © Photo Tramoy

Je dédie cette visite à tous ceux qui visitent le blog, qui se sont retrouvés au cours de ces dernières années, à ceux qui ont eu l'intention d'y retourner, mais ne l'ont pu pour différentes raisons. Et j'ai une pensée particulière pour Yvon TEYSSIER, qui avait réalisé de bien belles photos en son temps et aurait aimé voir celles de maintenant. Cette édition 2011 a été une GRANDE édition pour moi, puisqu'elle m'a permis de retrouver Danka PAWLAK et Yves JAN, perdus de vue depuis plus de 45 ans. Cela fera l'objet d'un autre publication."

Merci Jean-Yves pour ce bel article, rédigé à peine de retour de ton voyage dans nos souvenirs...

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Commentaires
H
Monsieur JY Tramoy l'Eternel ami d'Imini et des Iminiens.<br /> Merci de votre commentaire reçu sur mon mail,lu relu attentivement.Les termes utilisés sont une réalité évidente, je vous en remercie mille fois de votre attachement à cette terre commune des Iminiens.<br /> J'ai reçu parallèlement une carte de remerciement de Joceline émouvante à la mémoire de Jean Marie. <br /> Je serais bien d'accord de faire un grand article en commun accord avec Joceline sur l'histoire contemporaine du défunt JM Decailloz à Imini.<br /> <br /> Cet article sera consacré particulièrement aux différents efforts professionnels , humains et relationnels de ce grand ami.<br /> je sollicite des interventions des personnes qui ont connu Jean Marie.Chacun de son coté et ensemble , nous pourrions ficeler un grand article en sa mémoire<br /> Merci JY Tramoy ainsi que les Iminiens.<br /> Essayer de poster vos commentaires sur Mohamedh.wordpress.com<br /> Herda Aomar
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S
Formidable! Je vous suis régulièrement depuis l'année dernière et heureusement qu'il existe ce blog sur Boutazoult. C'est une mine d'informations.
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J
Jean-Yves et Danka prennent le temps, par leurs sujets et photos, de nous replonger dans les images du passé que nous ressentons toujours aussi fort... et le commentaire de Maryse Castillo, sur les mêmes traces de nos amis, consacre bien nos liens à ce bout de terre qui a conduit nos jeunes années. Amitiés!
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B
Rapidement, pour répondre immédiatement. Je me réjouis de trouver de temps à autre de nouveaux correspondants sur le blog. J'avoue ne pas connaître la famille CASTILLO, dont je crois savoir que le père avait rapport avec la laverie. Mais je sais que Jean-Marie et Joseline l'a bien connue. Alors je suis toujours ouvert à lire des commentaires intéressant notre bonne vieille terre d'iMINI. Richesse et décadence, mais richesse toute relative à nouveau. Belle émotion que celle entrevue dans cette intervention. Maintenant nous en attendons un peu plus, pour continuer dans la grande chaîne amicale.
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C
Bonjour à tous les Iminiens<br /> Je n'ai pas connu M Tramoy mais je lis avec beaucoup de plaisir ses articles sur le site. Nous avons vécu à Imini de 1978 à 1982, nous avons repris la route du Tichka fin avril en famille pour revoir notre village de Bou Tazoult et visiter le chantier de rénovation des laveries de Timkit sur lequel travaille Jean-Michel et son équipe en ce moment.<br /> Avec beaucoup d'émotion nous avons retrouvé notre maison qui se situait entre la famille Horn et Decailloz, la chapelle, l'école où j'ai cru voir mes petits élèves jouer sur la poutre ou la balançoire. Dans la salle de classe, plus rien. J'ai refermé le portail derrière mes enfants de 40 ans... Le temps semble s'être arrêté dans le village, retenant tous les souvenirs de ceux qui y ont vécu.<br /> Je remercie les personnes qui nous ont accueillis et accompagnés au cours de notre visite.<br /> Maryse Castillo
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  • UN BLOG POUR LES IMINIENNES ET IMINIENS ORIGINAIRES DE BOUTAZOULT ET D’OUGGOUG SAINTE-BARBE DESIRANT : FAVORISER LEURS RENCONTRES, PROMOUVOIR L’ÉCONOMIE LOCALE ET UN MUSÉE DE LA MINE, MOTIVER LA JEUNESSE & L'ECOLE DE TIMKKIT
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