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BOUTAZOULT IMINI TIMKKIT 2008
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27 septembre 2012

FABRIQUE DE BARRES DE GLACE

L'usine de fabrication de glace de Boutazoult

fabrique_barres_glaces 

Photo Pigneux 1954 de la collection Yvon Teyssier, voir un article sur la fabrique de glacesInstallation par le chef d'atelier Mathieu Poguennec, distribution par Salah Boulmik, la fabrique de glace se trouvait au fond de l'impasse formée entre la Cantine et l'épicerie.

JEAN-YVES TRAMOY NOUS RACONTE

Jean-Yves nous fait profiter de son envie d'écrire qui lui vient avec les jours longs de l'été. il partage avec nous son admiration pour ces pionniers qui, comme Mamie Paulette, ont participé à la création de la mine dans des conditions de confort des plus rudimentaires

J

Parlant des premiers « occupants » des mines d'Imini, on a peine à s'imaginer aujourd'hui les conditions d'installation de ces travailleurs, arrivant avec leur famille parfois, conditions qui tranchaient avec les habitudes et les conditions climatiques connues dans leur pays d'origine.

Pour le commun des touristes visitant le Maroc, le pays une réputation de contrée très chaude tout au long de l'année, et dans toutes les régions. C'est faire fi des variations saisonnières d'une part et des différences des contrées (rivages atlantique et méditerranéen, Atlas, grandes plaines agricoles, grand sud,...) d'autre part. Mais nous, anciens des mines de l'Imini, nous savons combien les hivers sont froids sur les hauts plateaux de l'Atlas, qui connaissent la neige, tandis que l'été y est brûlant et sec.

Au-delà de ces considérations climatiques, auxquelles le corps humain est confronté, demeurent les nécessités du quotidien, et particulièrement le problème de la conservation des aliments, et des médicaments.

Toutes les maisons de Boutazoult, d'Ouggoug possédaient l'eau courante et l'électricité (cf articles précédents sur les captages au Tidili et sur la centrale électrique), ce qui était déjà une réel confort. Mais les ménagères de l'époque ne jouissaient pas de l'équipement électroménager d'aujourd'hui, loin de là. Adieu mixer, cafetière électrique, machine à laver le linge (remplacée par une buanderie équipée d'un bac en ciment) ! Il y aurait là sujet à un bon article pour connaître les habitudes de chacun des foyers iminiens. Cuisinière (à charbon et à bois), fer à repasser existaient dans certains foyers, mais le réfrigérateur était absent. Où a fait son apparition le premier exemplaire ? Même dans les magazines pour enfants et adolescents d'alors, la publicité vantait la marque Frigidaire, devenue La référence.

 

armoire à froid

A mon arrivée à Boutazoult (au tout début des années 50), j'ai découvert l'usage domestique de la glace. Un meuble en bois marron était installé dans une buanderie assez sombre ; c'est la première fois que je découvrais une glacière, meuble inutile en Savoie, notre précédente résidence, où les murs des caves étaient suffisamment épais pour garder une fraîcheur constante.

L'humidité produite par la fonte de la glace et son évacuation, l'obscurité du local clos pour éviter la chaleur extérieure, la température ambiante étaient propices à l'apparition de cafards, petits insectes bruns assez laids qui pullulaient. Ils s'intéressaient vivement au contenu de la glacière, et on luttait contre eux avec certains produits insecticides, sachant qu'ils peuvent transmettre des maladies telles que salmonellose, tuberculose, dysenterie, peste bubonique, rage, gastro-entérite, asthme,... Une peur rétrospective, surtout quand on sait que la descendance d'un couple peut aller jusqu'à une population d'un million de cafards dans l'année ! On devait être immunisés davantage que maintenant.

 

barres2

La SACEM pourvoyait aux besoins de la population grâce à la fabrique de glace située sur le côté de la cantine, créée pour fournir en froid les habitations, l'infirmerie et certains services de la mine nécessitant du froid.

Dehors, déjà le bruit s'imposait à nous et faisait vibrer les murs, résonnant dans la ruelle étroite : le vacarme des compresseurs s'amplifiait jusqu'à pénétrer dans le local, impressionnant par le gigantisme des machines et des tuyauteries. Le bruit continu obligeait à parler fort avec l'ouvrier marocain barbu, mais il devinait immédiatement la présence du visiteur, dont la silhouette coupait la lumière pénétrante du soleil. A la demande, du haut de son quai en ciment, il délivrait les pains de glace, longs de 60 cms et de section carrée de 10 cms, les disposant soigneusement dans le panier des « clients ».

L'épicerie voisine n'était pas équipée d'armoires réfrigérantes électriques, tout au moins au début. Directement du producteur au consommateur !

Mais il fallait faire vite pour transporter ce panier alourdi jusqu'à la maison. Pas question de lésiner en route sous peine de voir fondre une bonne partie de la cargaison,... et de se faire disputer en arrivant. Le froid était bien trop précieux. Course de vitesse, mais aussi effort physique intense quand il fallait rallier des habitations les plus éloignées, emprunter les montées, et s'enfoncer jusqu'aux quartiers proches de l'école. Les porteurs étaient courageux.

Payait-on la glace ? Je l'ignore, parce que je n'étais pas confronté aux contingences matérielles du foyer, gérées par Maman.

Transfo-glace

Cette fabrique de glace, indispensable en son temps, ne supprimait pas les contraintes d'approvisionnement. Plusieurs commerçants alimentaires tenaient boutique dans les différents villages : d'abord dans le bâtiment de la cantine elle-même, à proximité immédiate chez Allal ABOU LAMER bien connu des européens, et nombre d'autres dans le village marocain, particulièrement le boulanger.

Le poste de transformation était juché sur le toit de la fabrique de barres de glace que Salah BOUMLIK surveillait, c'est à dire à côté de la Cantine. 

Un service de transport organisé par la SACEM « descendait » à Marrakech une à deux fois par semaine pour ravitailler les commerces et, sur commande, les particuliers. Mais là je mélange volontairement toutes les périodes. Il serait bon que les connaisseurs corrigent ces impressions et rédigent un article dépeignant la réalité de cet approvisionnement organisé, dont le relais logistique s'effectuait dans la villa SACEM de la rue Sebou à Marrakech.

Peu à peu, au fil des années, les foyers se sont équipés du précieux appareil, source de facilité domestique, et début du confort dans cet univers hostile.

Nous avons quitté le sud marocain avant l'ère des congélateurs, qui auraient encore davantage facilité la vie des ménagères. Mais attention alors aux pannes de courant électrique.

Remercions Jean-Yves de nous faire profiter de ses talents littéraires et de ses souvenirs d'inconforts que nous aurions tendance à sous estimer avec les équipements que nous connaissons aujourd'hui, si différent de ce qu'a connu Mamie Paulette en 1946, ainsi que les premiers pionniers. Bientôt quelques photos de 1946 à 1953 de la collection de Mamie Paulette.

 

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Commentaires
B
Bonjour à tous, et en particulier à Danka, qui est intervenue la première. Nos habitudes familiales étaient donc les mêmes, excepté le fait que nous n'avions pas de chien, et que je ne « piquais » pas dans la glacière pour lui donner une quelconque pitance. Il semblerait que Mamie Paulette ait fourni une photo précieuse pour illustrer l'article, celle qui montre le côté de la cantine et le « cabanon » électrique sur le toit. Une photo qui montre une végétation encore rabougrie, et une masse de roseaux où, plus tard, sera édifié le commerce d'Allal. Petit à petit ce monde s'est construit, mais sans doute avec un plan d'urbanisme et d'ensemble bien élaboré. Qui a été le visionnaire, le décideur ? Qui a été l'« architecte », le promoteur ? Qui a été le bâtisseur, le constructeur ? Ce n'est pas au hasard que les différents bâtiments, qu'ils soient dédiés au fonctionnement de la mine ou qu'ils servent à l'hébergement des familles, ont été ordonnancés. Il a bien fallu décider des emplacements des maisons, des écoles (la chapelle, comme en France sur le piton, pour être vue et entendue de loin) en fonction des études de sol. <br /> <br /> La fabrique de glace avait un emplacement réservé adossé à la cantine, au centre du site commercial. De tout temps, j'ai trouvé « intelligente » cette organisation, en me posant quand même la question de l'excentration de l'école, sans doute parce que ça m'obligeait à aller à l'autre bout du village. Curieusement, je n'ai aucune mémoire de ces trajets multiples, pourtant j'ai passé quelques années sur les bancs de cette école, connaissant différents maîtres et maîtresses.<br /> <br /> Le village est maintenant vide de ses habitants, bien que réssucité temporairement par des tâcherons occupés à « traquer » le filon au plus près, pour en extraire le riche minerai, dont il ne reste que des tranches minces et irrégulières. Tous ces ouvriers viennent de contrées parfois éloignées et ne sont pas accompagnés de leur famille. Ils vivent là en communauté ouvrière, dans des maisons « réquisitionnées », au confort minimum. Comme la centrale électrique ne fonctionnait plus, l'acheminement du courant électrique avait été coupé en démontant les câbles électriques. Depuis certains câbles ont été réinstallés pour approvisionner Bou Tazoult à partir de Sainte Barbe, autorisant le fonctionnement de treuils dans les mini descenderies installées ça et là dans les villages, et participant au confort minimaliste des ouvriers. Par contre l'eau est livrée en réservoirs. Quid des douches et autres nécessités de cuisine si nécessaires sous ces latitudes ?<br /> <br /> Alors, pour en revenir à notre glacière d'origine, le retour en arrière est fulgurant : en 2012, il n'y a pas de conservation par le froid, tandis qu'il y en avait en 1950 ! Dur, dur d'être mineur !<br /> <br /> Petit à petit les morceaux de puzzle se rejoignent. Où l'on découvre la fonction de Mathieu POGUENNEC, qui était l'objet de recherches dernièrement, et qui apparaît ici. Il y a eu deux générations de POGUENNEC à Bou Tazoult, un début de saga. Qu'en est-il de Salah BOULMIK ? Ses origines, sa famille,...<br /> <br /> Pour la pousuite de la fresque iminienne, nous attendrons avec impatience la parution des photos de Mamie Paulette, accompagnées d'un article explicatif.
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J
Merci Jean-Yyves pour tous ces souvenirs que vous savez si joliment nous raconter. Arrivés en 46 Vautrin Paulette et Dédé (1mois) 4habitants Reggiani Basso Guichard(ingénieur) et Mme.<br /> <br /> Les courses qqs fois à Ouarzazate chez Linarès épicerie sur la gauche en arrivant. A droite restaurant hôtel chez la mère Marius très connue. Dans les années 50 près de la poste à Ouarzazate.Le pain arrivait par le car de Marrakech déposé à la conciergerie.<br /> <br /> En 46 nous avions acheté un petit four La Cornue que l’on mettait sur le canoun.c’était bien et un plus tard en 47 quand le tâcheron est venu pour commencer les constructions, Vautrin a demandé la construction d’un four derrière la maison et qui servait à cuire notre pain ainsi qu’à nos voisins Menet arrivés en même temps Elghazi(venus des goums et amis)<br /> <br /> En 48 nouvelle maison face cantine nous avons achetée une cuisinière bois charbon(grand luxe) par la suite il y en a eu partout.<br /> <br /> Voilà qqs souvenirs de Boutazoult<br /> <br /> Amitiés à tous les Iminiens qui feront un petit coucou sur le blog
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S
Merci pour cet article très intéressant, comme d'habitude. Bonne Continuation.
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D
ben pas dans notre maison, il était "fièrement" installé dans la cuisine, juste à côté du placard où l'on pouvait ranger un stock de victuailles non périssable, y compris tous les vins et apéritifs si peu chers à l'époque ; à côté de la porte de la cuisine donnant sur la cour côté buanderie ; en face, il y avait l'évier et le fameux poële à bois/charbon, sur lequel on faisait le caramel, chauffer aussi les fers à repasser ! et évidemment les repas quotidiens ! ouh, ma mémoire peut avoir occulter d'autres utilisations ; sales cafards ? la cuisine était propre, alors ... ben j'ai dû les manger avec le beurre (non je plaisante sûr) ! , parce que notre glacière conservait suffisamment le froid pour garder quelques jours ces denrées : beurre, lard, saindoux, parce qu'elle était côté nord ... et j'en oublie sans doute ; on allait "faire" le plein dès la fonte de ce gros bloc de glace que je revois bien ; certes fallait faire vite, mais jamais nous n'avons eu de problème avec cette glacière, devant laquelle je me vois sortir le beurre, le manger à la cuillère et donner quelques bouts de lard, de viande, que sais-je, à mon adorable Chito ; évidemment, la seule qui n'était pas contente, ben c'est maman, forcément, fallait se ravitailler de nouveau, il manquait du coup pas mal de choses pour les repas, vu ce qu'avait mangé le chien ! hi !!! la photo de la glacière, toutes les familles avaient la même, et ça reste un souvenir extraordinaire ! je ne me suis jamais vraiment penchée sur le fait de savoir comment on procédait à la fabrication de la glace, d'où elle venait, n'empêche que j'allais quelquefois la chercher avec mon frère aîné ; la distance jusqu'à la cantine semblait être des milliers de kilomètres, mais non, après vérification, pour nos petits petons cela le paraissait, en fait c'était pas vraiment loin ; et le réfrigérateur, nous l'avons eu en 1961, déjà loin de BOutazoult !<br /> <br /> quels supers souvenirs cependant ! et ce "meuble" aujourd'hui ferait sans doute partie des "reliques" de ces années là ! <br /> <br /> c'est bien d'avoir retracé une partie de cette époque par ce biais là, car chacun est une mémoire ...
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  • UN BLOG POUR LES IMINIENNES ET IMINIENS ORIGINAIRES DE BOUTAZOULT ET D’OUGGOUG SAINTE-BARBE DESIRANT : FAVORISER LEURS RENCONTRES, PROMOUVOIR L’ÉCONOMIE LOCALE ET UN MUSÉE DE LA MINE, MOTIVER LA JEUNESSE & L'ECOLE DE TIMKKIT
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