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BOUTAZOULT IMINI TIMKKIT 2008
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13 mars 2015

LA CÉLÈBRE ROUTE DU TIZI N'TICHKA,

un long ruban tranquille de Marrakech à Imini ?

« 150 kms faisant rimer beauté et danger »

Jean-Louis Tramoy reviens pour nous raconter la route du Tichka et partager avec nous des documents rares, un compte rendu d'intervention après un accident de camion de manganèse en 1972, rédigé par l'ingénieur Jean-Louis Tramoy et accompagné de clichés-témoins du photographe René Bertrand.

A l'ombre des 4.167 mètres du Djebel Toubkal, le Djebel Tichka se veut plus modeste, mais il a la particularité de porter un col impressionnant à 2.260 mètres, sur la route la plus haute du Maroc, tracée par la Légion Etrangère pour assurer une voie libre à l'écart du circuit réservé de Telouet, sorte de péage en faveur du Glaoui : brèche ouverte vers Ouarzazate et les palmeraies du sud.

01 Mr Moulinou au col

O1 le panneau du col avec Mr Moulinou à droite.

Aller de Marrakech à Imini (environ 155 kms) c'est quitter la vaste plaine du Haouz, pour se diriger vers le village des Aït Ourir par de longues lignes droites ou presque.

02 Aït Ourir auberge du Zat

02, l'auberge du Zat aux Aït Ourir.

03 Toufliat café de la source

Mais quelques kilomètres après le pont jeté sur le Zat, la route sinue entre les figuiers de barbarie et les forêts de chênes, et grimpe petit à petit jusqu'aux contreforts de Toufliat, site bien connu des iminiens chasseurs de sanglier où Ben Ali et Aomar Noukrati, natifs du lieu, savaient guider les amateurs, sans oublier les cueillettes de morilles succulentes. 

03, café de la source, à Toufliat. 

 

04 vallée de Toufliat

A la sortie du village une source naturelle en bord de route servait d'arrêt à tous les cars pour désaltérer les voyageurs et quelques minutes de repos pour les chauffeurs, à l'ombre fraîche des grands arbres près des maisons de l'ONF (Office National des Forêts). Maintenant des petits cafés restaurants et cabanons remplacent cette halte. Quand la route descend au plus près vers l'oued, on peut admirer les plants de lauriers-roses serpentant le long des rives.  

04, vallée de Toufliat.

05_lauriers_rose

05, les lauriers-roses.

Puis, Taddert, capitale des restaurateurs nuit et jour, et barrière de neige pendant l'hiver, sert de deuxième halte et de tremplin pour la montée plus escarpée. Le paysage prend une forme verticale aux ravins vertigineux, préjudiciable aux personnes sensibles. Mais le paysage est fantastique par son relief, ses changements de couleurs évoluant du rouge vers des nuances de vert généralisées. La végétation disparaît à cette altitude. Peu après les lacets se resserrent, où de nombreux accidents ont eu lieu au cours de ces 60 dernières années. Et les pannes aussi, souvent sur des véhicules anciens et très mal entretenus, ou surchargés, occasionnant des surprises au sortir d'une épingle à cheveux. Des ramasseurs de pierres de toutes sortes se transforment en vendeurs à la criée à chaque ralentissement obligé : améthystes (vraies ou fausses, naturelles ou encrées), quartz, mica, opaline, ...

06 Tichka lacets vertigineux

 

06, les lacets vertigineux.

07 Tichka étal de pierres

07, un étal de pierres.

La route est belle par ses paysages (surtout quand le temps est au beau), mais elle a fait payer un lourd, très lourd tribut aux voyageurs et transporteurs, en toute saison, de jour comme de nuit. Le ruban n'est pas des plus lisses et mieux entretenus, et les rigueurs des saisons sont cruelles avec le revêtement (en septembre 2012 un accident de bus nocturne a tué quarante deux personnes, et blessé vingt-quatre miraculés).

 

08_Tichka_plaque_record_de_neige

 

Avant d'arriver au refuge installé sur un méplat, une plaque métallique effacée voudrait rappeler le record de hauteur de neige (au-delà des 6 mètres) lors d'un très ancien hiver. De fait, ce refuge, servant de garage pour les chasse-neige, a rendu de grands services aux voyageurs surpris par le mauvais temps. 

08 la plaque du record.

Rappelons nous les convois de transport de manganèse (une à deux fois chaque jour), la camionnette des courses de la mine qui traversait l'Atlas deux fois par semaine aller-retour. Leurs chauffeurs étaient encore plus sollicités que les simples automobilistes.

09 Tichka col

09 centre commercial du col.

Après le sommet, maintenant transformé en centre commercial des pierres, les virages s'adoucissent jusqu'à Aguelmous, le site de l'ancien téléphérique.

10-Aghelmous

 

10 le téléphérique.

Puis la traversée du grand bourg d'Igherm n'Ougdal, remarquable par sa gendarmerie (très active en bord de route), sa barrière de neige, son auberge de l'inoubliable Mme DROUIN, son Agadir magnifiquement restauré dominant le village.

11 Igherm auberge Mme Drouin

11 auberge de Mme Drouin.

12 Igherm Agadir

12 Agadir d'Igherm.

Quelques kilomètres plus loin, traversant l'oued sur un pont tout neuf qui permet d'éviter les crues sauvages : Agouim mérite un arrêt en souvenir du dispensaire et des centres de formation fondés et dirigés par le Père Norbert en compagnie des frères et soeurs franciscains. A visiter ce centre de formation où l'on est très amicalement accueilli, où l'on peut découvrir les différentes activités de menuiserie, et acheter les magnifiques broderies traditionnelles, ainsi que les tapis artisanaux, à des prix incroyables qui plus est.

13 embranchement Ste Barbe

Encore quarante kilomètres plus « fluides » le long de l'oued Imini, et la traversée de villages ruraux typiques avant d'arriver à l'embranchement de Sainte Barbe.

13, l'embranchement.

14 enfin chez nous

14 , le gué sur l'Assif Imini. Enfin chez nous.

Les camions de la société SACEM, des mines d'Imini, ont utilisé cet axe, en convoi depuis la fin des années 40. Pendant un certain temps le téléphérique créé entre Aguelmous et Talatast a servi de traversée du massif de l'Atlas. Mais devant la diminution des ressources minières, il a été démonté, et les rotations de camions ont repris de plus belle.

Au milieu des années 40 une ébauche de tunnel a vu le jour dans la vallée de l'Ourika et dans celle de l'Assif Tidili. Mais le projet a tourné court devant les difficultés techniques, et surtout financières. Depuis le projet est enterré, malgré des résurgences aléatoires et fugitives.

Quand on connaît les réalisations tunnelières en vogue dans les Alpes suisses ou françaises, on se dit que le tunnel sous l'Atlas serait une grande avancée pour la sécurité routière et l'économie du sud marocain. C'est éluder ce que serait la baisse d'activité dans la montagne du Tichka. Que deviendraient les populations écartées de l'axe routier principal ? Une désertification et une paupérisation en vue ?

Combien de fois avons-nous franchi la chaîne de montagne sous la pluie, dans un brouillard total, dans la neige ? L'existence des refuges est là pour témoigner des périodes de mauvais temps.

Les automobilistes n'avaient pas intérêt à suivre le convoi, d'une vingtaine de camions très encombrants ; et les croiser était encore pire, à les découvrir au hasard d'un virage.

Pour illustrer le danger routier dans l'Atlas, voici un reportage photographique.

Le 18 octobre 1971, le semi-remorque Volvo n° 8 s'est renversé dans un virage à 86 kms de Marrakech, heureusement sans faire de victime. Les causes de l'accident ne sont pas connues : vitesse excessive, faute de conduite, éblouissement, rupture mécanique, … ? Peu importe, le résultat est là. Mais l'urgence est d'assurer la sécurité, de dégager la route, d'évacuer le matériel et le minerai. Ce reportage est une sélection d'un album photographique édité par René BERTRAND (75 avenue Mohamed V à Marrakech), et les légendes explicatives sont de Jean-Louis TRAMOY, ingénieur aux mines de l'Imini.

15 Volvo n° 8 renversé

15 : Volvo renversé. Aspect du virage.(NDLR : Mr Gagneux ?)

16 minerai étalé

16 : minerai étalé, benne vidée naturellement.

17 dessous

17 : avec la présence de MM. Ruhy et Gagneux.

18 comparatif de taille

18 : aspect du passage laissé. Borne 79 en second plan (86 kms de Marrakech). (NDLR : 70 kms d''Imini). 

19 grue Dubreucq

19 : grue Dubreucq sur les lieux.

20 relevage du tracteur

 20 : opération de relevage du tracteur (en bascule).

21 tracteur relevé

21 : tracteur relevé. Le crochet de relevage « blesse » la partie droite de la cabine. Il aurait été souhaitable de l'attacher en retrait. L'exiguïté des lieux rendait cette opération difficile.

22 mise en travers

22 : mise en travers de la route de la remorque avant relevage (pour éviter qu'elle ne soit en pente descendante).

23 remorque relevée

23 : remorque relevée face à la montagne.

L'opération est réussie au prix du déplacement d'équipes de dépannage venues d'Imini et de Marrakech, ce qui prend un certain temps et nécessite de mettre le passage en sécurité. Heureusement l'accident s'est déroulé en journée, ce qui a facilité l'intervention.

Mais c'est certainement moins grave que cet accident des années 50.

24 accident très ancien 

24 : vieil accident.

Les véhicules chibanis sont entreposés au « cimetière » de Timkkit pour récupération des pièces.

25 cimetière des camions chibanis

25 : cimetière des camions à Timkkit.

Le modernisme se fait jour avec les nouveaux modèles de camions, tout en conservant les mulets et les ânes sur les pistes montagneuses.

26 chargement habituel

26 : chargement actuel.

27 transporteur montagnard

27 : transporteur montagnard.

Terminons sur une note plus joyeuse de cette traversée de l'Atlas avec le sourire épanoui de cette jeune berbère allant à la corvée de ramassage de bois.

28 belle rencontre

28, belle rencontre.

Je vous renvoie à divers blogs, tous intéressants et très documentés, dont celui des anciens iminiens, et quelques autres qui invitent à une réflexion sur le passé et l'avenir du projet de tunnel sous l'Atlas. Ce tunnel devait à l'origine déboucher vers l'Assif Tidili et passer par Bou Tazoult. C'était, au temps de la splendeur des mines d'Imini, une rentabilité assurée pour le coût des transports. Mais c'était rêver, puisque depuis ces très anciennes premières études et quelques sondages effectués de chaque côté plus rien n'a bougé.

Aurait-ce été une chance pour Bou Tazoult ? Serait-ce une chance de renaissance de Bou Tazoult ? Rien n'est moins sûr, mais il n'est pas interdit d'espérer.

Jean-Yves TRAMOY.

Bibliographie :

=> Le transport du manganèse de l'Imini. www.ouarzazate-1928-1956.com/imini

=> 06 décembre 2012 Album de 1962- expéditions-téléphérique : http://timkkit2008.canalblog.com/archives/2012/12/06/24620250.html

=> 19 avril 2008 Manganèse par téléphérique et GMC 1953-1962 : http://timkkit2008.canalblog.com/archives/2008/04/19/8878856.html

=> 02 avril 2012 Album photos 54/25ème anniversaire - le téléphérique: http://timkkit2008.canalblog.com/archives/2012/04/02/23683888.html

=> 31 mai 2008 Un tunnel sous l'Atlas ? : http://timkkit2008.canalblog.com/archives/2008/05/31/9345656.html

=> La rocade méditerranéenne désormais opérationnelle : le projet de tunnel du Tichka renvoyé aux calendes grecques: http://www.libe.ma/_a29898.html?print=1

=> Le tunnel de Tichka, rêve lointain ou priorité vitale ?: http://www.almaouja.com/sur-la-vague...riorite-vitale

=> Plaidoyer pour le projet du tunnel entre Marrakech / Ouarzazate Lier la moitié nord à l’autre Mohamed RIAL: http://goagadir.info/content/view/838/1/

=> Un tunnel dans le massif du Haut-Atlas, pour contourner l'écueil que constitue le col du Tizi-n’Tichka (2.900 m d'altitude) ? L'idée ne date pas d'aujourd'hui et refait surface régulièrement, sans que le projet se soit réalisé. Mohamed Moujahid: http://www.casafree.com/modules/news...p?storyid=1187

Merci à Jean-Yves qui a construit pour nous ce très beau reportage. C'est une vraie chance qu'il ai pu conserver ces documents objectifs sur cet accident du camion Volvo en 1972. D'autres iminiens peuvent apporter de nouveaux témoignages pour les publier sur le blog et nous espérons que Jean-Yves détient d'autres documents intéressants à partager. Le printemps revient, bonne saison du renouveau à tous les Iminiens !

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Commentaires
B
Bonjour Vanessa, heureux de trouver sur ce blog des interventions de la famille de Mme DROUIN. Je n'ai personnellement pas beaucoup de souvenirs précis sinon des repas et « journées récréatives » plaisantes passées dans l'auberge et surtout dans la cour et le jardin. Nous y retrouvions des iminiens pour une invitation ou parfois par hasard, une envie de se dépayser de notre « trou » minier. Ton père est né en 49, moi en 48. Nous avons du nous voir et même peut-être jouer dans la cour. Je suis, encore aujourd'hui, admiratif de ces gens qui avaient monté une entreprise dans le sud marocain. Il faut se remettre en mémoire ces temps immémoriaux ou c'était presque le « désert » : les routes, le trafic n'étaient pas ce qu'ils sont aujourd'hui. Mais en compensation il y avait des petites colonies d'européens çà et là, qui se recherchaient dans les villages alentour. Hormis Ouarzazate, ces petits groupes ont fortement diminué, et peu de touristes s'arrêtent à Igherm. D'ailleurs, la dernière fois que j'y suis passé je suis allé consommer une boisson et visiter l'établissement, y compris les chambres au cas où … Comme le dit la chanson, non non, rien n'a changé. Sont encore là le poêle dans la grande salle, le comptoir, les literies. Un bon coup de rafraîchissement , voire de modernisme, serait nécessaire, Mais derrière il faudrait également une campagne publicitaire pour relancer l'affaire. Dur, dur !<br /> <br /> Je pense souvent à tous ces gens qui ont « fait » le Maroc, pas seulement en y passant, mais en y travaillant sans le progrès d'aujourd'hui (pas de télé, ni de cinéma), seulement la belle campagne et le froid de la montagne d'Atlas, comme un département de la Savoie.<br /> <br /> Aux mines d'Imini, pas plus de télé, mais un cinéma (le seul de la région), qui attirait les gens de Ouarzazate, mais une forte colonie européenne. N'oublions pas que nous étions dans un environnement très favorable, une population marocaine accueillante, cordiale, qui nous a apporté autant que nous lui avons apporté. Ceci explique cela : nous avons envie d'y retourner, et pas eulement pour la nostalgie d'une jeunesse passée. Je serais heureux de connaître le vécu de ses enfants, de votre père, ses sentiments sur cette période, ce qu'il est devenu ensuite. On a du mal à se projeter.<br /> <br /> Vous voyez que votre arrière grand-mère n'a pas été oubliée, pour différentes raisons.<br /> <br /> A vous relire sur ce blog.
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M
bonjour à tous,<br /> <br /> Je découvre votre blog qui parle notamment de l'auberge de Mme DROUIN.<br /> <br /> Je suis son arrière petite fille. Mon père (son petit fils) est né en 1949.<br /> <br /> Merci mille fois pour vos mots délicats sur cette femme au grand cœur que représentait la Mémé.
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D
Coucou Jean-Yves, je t'ai envoyé un mail ; finalement tout imprimer aurait été plus long et puis j'ai pris plaisir à lire ton écrit ; cette route du Tickha empruntée tant de fois, ces paysages magnifiques, rien jamais n'a été oublié ; notre dernière rencontre remonte à avril 2014 et l'avant dernière à Ouarzazate, avec Malika. Hier je ressorti de vieilles photos, je vais faire un melting-pot des anciennes, des récentes, et un petit écrit. Bises à tous, Danka<br /> <br /> J'espère pouvoir aller mi-mai retrouver Malika, Inch'Allah !
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B
Bonjour à tous les iminiens en ce dimanche de Pâques, pendant lequel nous étions pour la plupart réunis autour du Père Norbert, avant les agapes. J'avais envoyé un message la semaine dernière, mais il a du s'envoler dans les nuées célestes. Je recommence, pour me féliciter de retrouver Régine sur les ondes, et préciser que tout le monde peut écrire sur la route du Tichka. Qui ne l'a pas empruntée ? Qui ? Levez la main. Chacun a des sentiments sur cette route. Elle est belle, très belle, mais très dangereuse encore aujourd'hui. Elle nous emmenait à Marrakech pour les courses, pour les études, pour le plaisir des distractions au cinéma, au restaurant (avec logement à la maison de la rue Sebou) : une vraie liberté. Mais certains étaient malades dans les virages, certains la trouvaient longue. Il y a beaucoup à dire. J'espère que quelques uns vont avoir le courage de prendre la plume et de nous traduire leurs sentiments.<br /> <br /> En attendant je vous souhaite un bon week end.<br /> <br /> Amitiés iminiennes. Bou Tazoult.
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B
Bonjour à tous les iminiens, anciens "prisonniers" de cette chaîne montagneuse pour aller vers le nord. Mais je pense que tout le monde a des anecdotes et des sentiments à exprimer. Une belle occasion pour faire remonter à la surface des souvenirs sympathiques ou des aventures mal vécues.<br /> <br /> Merci à Régine d'avoir ouvert le bal. Aux autres de suivre.
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