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BOUTAZOULT IMINI TIMKKIT 2008
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6 janvier 2019

CAP AU SUD, UN VOYAGE RÉCENT DE JEAN-YVES À BOUTAZOULT

Amis iminiens, 

Pour faire plaisir à ceux qui ne peuvent aller au Maroc dans l'immédiat, je vous relate notre petite semaine passée dans le sud marocain en novembre dernier, sous un soleil bien sympathique.

Les choses ont bien changé, et je réaliserai un reportage plus important pour notre blog <timkkit2008>, et pour celui des marrakchis <mangin2marrakech>. J'ai vu des changements, beaucoup de changements, je vous expliquerai tout ça en détail.

En attendant, je vous souhaite une bonne lecture et vous invite à réagir en postant des commentaires, en posant des questions auxquelles je répondrai volontiers, pour garder vivante en vous cette flamme iminienne. Amitiés à tous. Jean-Yves.

photo 1 lever de soleil à l'hôtel Chems de Marrakech

Cap au sud

 

Photo 1, lever du soleil à l'hôtel Chems, Marrakech

Marrakech, hôtel Chems, ce jeudi 22 novembre, il est 7 heures 30, les oiseaux chantent déjà en voletant d'arbre en arbre dans un ciel projetant ses rayons roses sur la Koutoubyia. Il fait encore frais quand notre voiture de location démarre pour Ouarzazate par le chemin des écoliers. Pas de précipitation ! Dès à présent nous roulons pour le plaisir, et commençons par longer les remparts depuis Bab Jdid jusqu'à Bab Doukkhala pour prendre la route vers Chouiter, Aït Ourir. Le ruban est rectiligne jusqu'au carrefour avec la route de Fes. Le revêtement semble en meilleur état que lors de nos visites précédentes, sans doute a-t il été refait. La circulation est encore clairsemée, les villages s'éveillent à peine, quelques écoliers en blouse blanche attendent le bus scolaire sur le bas côté tandis que les vélomoteurs emportent les travailleurs matinaux plutôt prudemment. Pour éviter les accidents la route est partagée en deux voies par un trottoir, que les cyclistes franchissent quand même.

La première bourgade, Chouiter, a bien changé, une succession de ronds-points ralentit la circulation sur des pseudo avenues abritant une première rangée d'immeubles magnifiques, en masquant d'autres plus rudimentaires derrière eux. Chouiter, village modeste autrefois, est devenu un centre important, accueillant la population « chassée » de Marrakech par la hausse des prix.

Nous faisons bien attention à notre conduite, à respecter la vitesse autorisée, nous ne sommes pas à l'abri d'un contrôle inopiné de la gendarmerie, … dont vous connaissez les finesses et les réductions de tarif selon que vous renâcliez ou acceptiez de payer en liquide.

Ensuite apparaît le pont sur le Zat à l'entrée d'Aït Ourir, le lit très large laisse couler une étroite bande d'eau couleur chocolat entre les blocs de rochers impressionnants, roulés par les crues.

L'auberge proche du pont semble désertée, fermée définitivement, tandis que celle du Coq Hardi voisin est éclairée et abrite des véhicules de clients.

Un dernier rond-point immense nous dirige vers la droite en direction de l'Atlas, longeant une haie dense formée d'innombrables figuiers de barbarie couverts de fruits mûrs.

Le jour est bien levé maintenant et le soleil ne tarde pas à nous accompagner, réchauffant la campagne et facilitant la sortie des habitants. Nous sommes bien lancés, et nous commençons à porter attention à l'itinéraire, reconnaissant ça et là des détails, nous ramenant dans le passé pour deviner la suite de notre itinéraire. 

Photo 2 Toufliht 1 Photo 2. Toufliht, berceau de nos amis Aomar NOUKRATI et Mohamed DOUIDER, les chasseurs de sangliers

Quelques dizaines de kilomètres plus loin Toufliht est là, défiguré par des travaux conséquents dès l'entrée pour améliorer la route et ouvrir de nouveaux tracés vers la montagne. Une fois passé devant les vieilles maisons forestières en pierre, en réfection également, et la source bien connue dans le dernier virage, nous faisons halte devant l'auberge Tagdalt, uniquement pour quelques photos. Un vent glacial nous chasse pour stopper trois kilomètres plus loin sur un espace surplombant la vallée de Zerekten : de gros travaux sont lancés, avec des engins de travaux publics en nombre et une station de béton. Là encore un arrêt rapide pour immortaliser l'apparition des premières neiges sur l'Atlas. 

3-ZEREKTEN Photo 3, depuis la vallée de Zerekten : les premières neiges sur l'Atlas

En fait commence ici la succession des chantiers intervenant sans interruption jusqu'à Taddert. Tous les virages, que nous avons connus dangereux, que nous avons redoutés, sont en cours d'éradication, … partout en même temps. C'est dire le nombre d'équipes mobilisées, d'engins de travaux publics, de véhicules réquisitionnés. La route est souvent totalement défoncée, le goudron arraché, les voies déviées selon les nécessités. Dans l'oued, des fondations et des murs en béton armé sont montés à distance de la route pour en protéger les rives détruites par les crues précédentes. Des gros blocs de rocher abattus de la montagne combleront les espaces et soutiendront des murets ou des glissières de sécurité.

Pour commencer le chantier dans un virage un bulldozer grimpe d'abord sur la pente très prononcée de la montagne ; arrivé au sommet, il sonde le sol à coups de perforateur vertical, fait basculer la roche vers le bas, que d'autres engins récupèrent et évacuent sur des camions énormes, puis les tractopelles dégagent les débris vers des décharges plus éloignées.

Peu à peu une brèche se dessine, s'ouvre large comme une autoroute ou presque, afin d'anticiper les futures chutes de pierres lors des fortes pluies. La route sera effectivement beaucoup plus rectiligne, d'autant que les courbes des oueds seront également adoucies, permettant ainsi aux cultivateurs de sauver quelques lopins de terre à chaque inondation torrentielle.

On a hâte d'arriver à Taddert, qui reste le village comme on l'a connu, cette espèce de village du Far-West marocain à rue unique, toujours bosselée, boueuse, ou poussiéreuse, encombrée de véhicules garés à la va comme je te pousse, au mépris de la moindre sécurité. Tous les véhicules, voitures, cars, camions se garent au plus près des restaurants, des gargotes fumant de leurs barbecues et canouns 24h/24. La barrière de neige est levée libérant le passage, tandis que les chasse-neige, déjà équipés, sont prêts à intervenir à la moindre alerte. 

Voie-de-circulation Photo 4, le panneau d'avertissement

Après Taddert, la route a déjà connu des améliorations véritables, retracée et surtout élargie, sur trois voies dans certains tronçons, … et c'est là que les conducteurs irresponsables de voiture ou de camion se permettent des fantaisies suicidaires. Ils coupent les virages en venant dans la troisième voie, face à ceux qui les croisent. Grave, grave, grave ! La Gendarmerie Royale n'est jamais là pour sévir. En 2012 un car avait fini sa course dans le ravin faisant plus de quarante deux morts. On espère que l'amélioration de la route poussera les conducteurs à une meilleure attitude.

Au fur et à mesure de la montée vers le col la température baisse, et un arrêt là haut ne dure pas longtemps, sinon pour un petit bol d'air et quelques photos volées avant qu'une horde de vendeurs de « magnifiques » améthystes, colorées à l'encre subtilisée dans les écoles, ne se précipite à nos trousses. La bise froide les décourage un peu de courir en vain derrière les touristes. Quelques mots dans leur langue les calment, et ils comprennent à qui ils ont affaire.

Notre option est de tourner vers Telouet, dont la route démarre quelques kilomètres plus loin sur la gauche. Autrefois une maison de gardien de travaux publics servait de repère en bord de route. Abattues, elle a laissé sa place à une grande plateforme où est garée une nuée d'engins de travaux publics de toutes sortes intervenant entre le Tichka et Telouet. 

5-engins-de-Telouet  Photo 5, les engins de travaux publics près de l'embranchement pour Telouet

Les inondations des années précédentes ont raviné les pentes, emportant des radiers, des ponts. Tout est à refaire, et des équipes d'ouvriers s'y attaquent sans relâche. Adieu la piste cabossée, gravillonnée que nous avons connue. Lui succède une route encore en travaux, mais nettement meilleure, goudronnée sur de grandes distances, qui nous conduit à Telouet plus aisément. Les suspensions des taxis et camions traditionnellement chargés au-delà de la raison souffrent moins. Au détour d'une courbe nous apparaît la forme massive de la casbah du Glaoui, dans toute sa majesté ocre, dominant un village croissant au cours des années.  

casbah-de-Telouet Photo 6, la casbah de Telouet en majesté

Jour de marché ! Les habitants de la contrée s'activent au même moment que la sortie des écoles. Il y a de la vie, et de la fantaisie vestimentaire dans la rue. Les élèves chahutent, tandis que les habitants pérorent et traitent quelques affaires. Il n'y a que des hommes, les femmes sont aux fourneaux.

Nous allons directement à la casbah, cernée de nouvelles maisons, de restaurants, si bien que nous avons un peu de mal à reconnaître le chemin …  

Ecuries-du-Glaoui Photo 7, les anciennes écuries du Glaoui

Les belles écuries où le Glaoui abritaient sa cavalerie chamarrée sont transformées en commerces de souvenirs et autres produits artisanaux, dont les vendeurs vantent la qualité exceptionnelle auprès des visiteurs. Nous parvenons à leur échapper et gagnons l'entrée de la casbah où une pancarte écrite en français annonce « entrée de la casbah 20 DH pour la rénovation » !!! Le prix a augmenté depuis notre dernier passage, il est devenu officiel mais … pour la rénovation on repassera. 

8-Panonceau

 

Photo 8, le panonceau à l'entrée.

Le bâtiment, au demeurant majestueux, imposant, tortueux, tombe en ruine progres-sivement. Certains secteurs ont été fermés depuis la dernière fois. Le bâtiment résiste parce qu'il est construit en pierre, recouvert de pisé décoratif. Quelques travaux électriques, curieusement, ont été effectués avec la présence de fils et prises électriques hors d'usage mais récents. 

COUR-d-Aouach-9

 

Photo 9, la cour de l'aouach.

On sait que la monarchie alaouite n'a jamais pardonné au Glaoui d'avoir choisi le camp des français lors de la période de pacification, d'avoir poussé à l'exil de Mohamed V à Madagascar, et d'avoir fait allégeance à celui-ci à son retour lors de l'indé-pendance. Refus systé-matique des souverains successifs de redonner à cette casbah son lustre d'antan, de la rénover et d'en faire un attrait touristique bien utile pour le village actuel et ses habitants. Malgré tout, les touristes européens ou marocains s'y précipitent et regrettent cet état des choses.

Chauffage-10

Certains décors en zelliges, en bois de cèdre, en miniatures colorées rendent compte de la magnificence passée de cette citadelle, résistent tant bien que mal à l'érosion et aux courants d'air. On remarque l'ancien éclairage indirect aux fils gainés en tissu, et les cheminées de chauffage central. Les portes richement peintes se maintiennent debout. 

Zellidges-11  Photos 10 et 11, le chauffage et les zelliges

Grand dommage ! Si cette casbah était restaurée comme elle le mérite, elle ferait office d'oeuvre d'art, attirerait davantage de monde, servirait l'Histoire, aiderait l'économie locale, …

12-fenetre-fer-forgé

 Espérons qu'un jour la prise de conscience se fasse. 

Photo 12, le panorama depuis la fenêtre en fer forgé.

Toujours les mêmes photos prises depuis la fenêtre en fer forgé ouvrant vers les champs où paissent le bétail et les mulets, vers la maison de Nana, notre nourrice, de son vrai nom Fatima BELKHEIR, décédée à 90 ans après une vie très active.

Fatima BELKHEIR faisait partie des favorites du Glaoui lors de l'indépendance et a pu s'esquiver par une porte dérobée au moment où les militaires venaient prendre possession de la casbah en mars 1956. Sa vie est une véritable aventure qui méritera d'être contée plus tard.

Quittant Telouet, nous prenons la direction d'Aït Ben Haddou, non sans quitter la route principale dix kilomètres plus loin pour jeter un oeil rapide à la mine où des esclaves subsahariens extrayaient le sel pour le compte du Glaoui. Le site est maintenant abandonné, mais les pauvres installations maintenues témoignent de la vie difficile des travailleurs, rendus malades par le sel, et prisonniers d'une vallée fortifiée d'où il était impossible de s'échapper. Une autre fois nous prendrons le temps de visiter en détail l'exploitation. 

mine-de-sel Photo 13, la mine de sel.

Nous longeons la vallée pendant quarante kilomètres par une route goudronnée, agréable desservant les villages situés en bord de l'oued Ounila encastré entre des falaises escarpées encadrant les cultures en terrasse, et au sommet desquelles se nichent des greniers troglodytes. La route traverse des sites magnifiés par les tableaux de Majorelle dans les années 20, aux casbahs à la beauté altière, dont l'une a même servi d'affiche à Air France lors du Protectorat. 

L'arrivée à Aït Ben Haddou est gâchée par le stationnement de dizaines de cars de tourisme dont les passagers envahissent les lieux, formant une chenille humaine jusqu'au sommet. Nous abandonnons le projet de visite, tout juste un arrêt rapide à la sortie du site nous autorise quelques photos ensoleillées avant de repartir pour Ouarzazate, où nous arrivons par la longue avenue « royale » bordée de lampadaires et de palmiers sur cinq kilomètres, jusque dans les quartiers périphériques abritant la misère et la pauvreté.

14-Ait-Ben_Haddou Photo 14, Aït Ben Haddou et son défilé de touristes jusqu'au sommet

La suite au prochain numéro, très prochainement.

Bonne annéeà ceux qui en ont besoin pour recouvrir la santé, profiter des plaisirs de la vie et de la Joie en famille.

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Commentaires
M
Dommage pour cette belle casbah de Télouet ...mes grand parents connaissaient bien le Glaoui étant assez proche.. Telouet - Igherm Nougdal peu de distance! <br /> <br /> Le Glaoui toujours prêt à rendre service à la famille.
Répondre
B
Bon soir monsieur Yves je suis très curieux de savoir l'aventure de NANA Fatima BELKHEIR et merci
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BOUTAZOULT IMINI TIMKKIT 2008
  • UN BLOG POUR LES IMINIENNES ET IMINIENS ORIGINAIRES DE BOUTAZOULT ET D’OUGGOUG SAINTE-BARBE DESIRANT : FAVORISER LEURS RENCONTRES, PROMOUVOIR L’ÉCONOMIE LOCALE ET UN MUSÉE DE LA MINE, MOTIVER LA JEUNESSE & L'ECOLE DE TIMKKIT
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