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BOUTAZOULT IMINI TIMKKIT 2008
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8 avril 2019

TRAVAUX D'HERCULE SUR LE ROUTE DU TICHKA

Avertissement de l'auteur: "Avant de relater la suite, « Travaux d'Hercule sur la route du Tichka », il convient que j'apporte quelques précisions. Ces articles traitaient de mon séjour de novembre à Marrakech (cf le blog de mangin@marrakech cliquer ) et à Ouarzazate (dont vous avez eu précédemment un aperçu sur ce blog de timkkit2008 cliquer), … mais j'y suis retourné en février (et je vous en ai averti aussi). 

En conséquence j'ai observé de nouveaux changements sur cet itinéraire, effectué en plein jour et sous le soleil, dans le sens Ouarzazate-Marrakech. Plutôt que de transformer totalement mon article initial, je me suis contenté d'apporter quelques « correctifs » en couleur verte qui traduisent mes impressions vécues lors de ce second trajet, pour lequel je ne conduisais pas. Véhiculé par un chauffeur de taxi, j'ai eu le loisir de prendre des photos à la volée, sur mon téléphone portable, ce qui explique que la résolution n'en soit pas exceptionnelle, ou qu'il y ait des reflets de pare brise. Toutefois cela vaut le « détour » puisque nous évaluons davantage la portée des travaux.

Ce mélange de séjour novembre 2018 et séjour février 2019 ne me vaudra assurément pas le Goncourt. D'autant que votre lecture n'en sera pas facilitée. Vous éprouverez quand même le plaisir de replonger dans des paysages perdus de vue, et transformés." Jean-Yves Tramoy

Travaux d'Hercule sur la route du Tichka

Passé le col du Tichka et la barre rocheuse de l'Atlas, la route serpente encore dangereusement pendant quelques kilomètres, descend abruptement en quelques virages serrés, vers Taddart dont j'ai rappelé le côté Far West dans le premier volet de la série. Les panneaux de l'Equipement préviennent du danger et affichent une photo éloquente. Malgré tout vous ne reconnaîtriez pas le tracé, bien amélioré, la largeur en trois voies, le revêtement tout neuf, les glissières de sécurité, … ! Incroyable, ça nous change de nos années « Tichka » aventurières, parfois à patienter derrière le convoi de camions de manganèse, dans le brouillard, ou dans la neige, à proximité de précipices vertigineux. 

Des éventaires de pierres sont installés en bord de route, plus ou moins importants. Lors des moments de pluie ou de froid, le vendeur se calfeutre dans sa cahutte, les pierres offertes à la vue, ou à la main des visiteurs, qui ont aussi froid que lui et ne se risquent pas à l'extérieur de leur véhicule. 

photo 1 le panneau prévient du danger malgré la beauté du site Photo 1 le panneau routier prévient du danger malgré la beauté du site. 

photo 2 information des travaux sur le secteur Toufliht-Taddart Photo 2 information des travaux dans le secteur Toufliht-Taddart.

Au pied de la montagne rapidement atteint, les camionneurs peuvent enfin respirer, espacer leurs freinages, adopter une conduite plus souple sur la trois voies, et voient l'entrée de Taddart avec un soulagement évident, et le besoin irrésistible d'y faire halte pour se rassasier de quelques grillades arrosées d'un café fort. C'est mérité après ce qu'ils viennent de vivre au volant. La bourgade vit jour et nuit sans interruption, au gré des passages. Douches et bains sont même proposés en bord de route pour le délassement des chauffeurs. 

photo 3 le panneau du hammam Photo 3 le panneau du hammam. 

photo 4 la rue unique de Tadart Photo 4 la rue unique de Taddart. 

L'habitat du village demeure rural, escarpé. Les villageoises, responsables du ravitaillement en eau et de la corvée de bois, ploient sous la charge, et ont le pied sûr des mulets pour grimper jusqu'à leur maison de pisé, … et ne supportent pas être photographiées. Les injures pleuvent, à tort puisque je ne photographie que le paysage, mais elles se méprennent sur mon intention ou se basent sur des situations vécues précédemment avec d'autres touristes.

Toutefois elles connaissent les prémices de la modernité : une poubelle collective en plastique est sagement rangée en bord de route. Il ne manque plus que le camion-poubelle, … et sans doute la décharge publique raisonnée. Nous n'en sommes qu'à l'aube de l'écologie. 

photo 5 les maisons escarpées de Taddart Photo 5 les maisons escarpées de Taddart.

Rassasiés et reposés, les chauffeurs reprennent le volant de leur camion, parfois semi remorque, mais ils savent ce qui les attend après Taddart : les travaux, encore les travaux, toujours les travaux pendant des kilomètres épuisants à 30 km/h souvent sur un revêtement dégradé, défoncé, avec des cailloux sur la route, des petites inondations, des déviations, … le plaisir en somme !

Comme dit précédemment, tous les virages doivent « sauter » en même temps, au profit d'une meilleure sécurité. Ca part d'une bonne intention, mais rien ne changera dans le mode de conduite des chauffards peu enclins à observer les règles de bonne conduite. Mon chauffeur, qui conduit bien, n'échappe pas à la règle. A l'instar de ses compatriotes, il s'autorise tout l'espace libre et emprunte la voie adverse pour gagner de la souplesse en conduite. Diable ! Pourquoi s'embêter quand il y a de la place ? Dans ce virage il est carrément dans le couloir opposé, tant il n'y a pas de danger POUR LUI ! Ah, le ruban est beau, lisse et bien dessiné, la courbe élégante, … pourquoi ne pas en profiter ? Quand la route sera terminée, il y a gros à parier que le nombre d'accidents augmentera à vitesse exponentielle. 

photo 6 l'occupation de la voie opposée Photo 6 l'occupation de la voie opposée.

Ce ne sera jamais une autoroute, on traversera toujours des villages où les piétons et les ânes continueront à longer la route, où les enfants marcheront jusqu'à l'école, des ralentissements en perspective qui augmenteront le danger pour les piétons. 

photo 7 l'âne chemine tranquillement Photo 7 l'âne chemine tranquillement.

Les chantiers sont colossaux, les moyens engagés énormes, les effectifs d'ouvriers conséquents, et le ballet des camions d'évacuation permanent. Les ouvriers travaillent, par tout temps, en bord de route, sans protection aucune, au mépris du danger. On est loin de la réglementation française en matière de travaux sur une route ! 

photo 8 les ouvriers en bord de route Photo 8 les ouvriers en bord de route

photo 9 la pente abrupte du démarrage du chantier Photo 9 la pente abrupte de démarrage du chantier.

Cette photo prise quelques kilomètres avant Toufliht témoigne des pentes abruptes attaquées par les premiers engins, et encore là ce n'est que de la terre rouge assez malléable, ailleurs c'est de la roche qu'il faut parfois dynamiter, avant que les engins plus massifs puissent accéder au sommet pour l'écrêter et détacher la roche de la paroi. 

photo 10 l'engin commence le chantier dans le virage

Photo 10 l'engin commence le chantier dans le virage.

Voilà comment commence le chantier de « descente » de la montagne, par le décaissement vertical des roches pour initier le nouveau tracé. Puis les évacuations successives dessinent la nouvelle courbe beaucoup plus allongée, entre la montagne et un croissant resté en séparation de l'ancienne voie. 

photo 11 le dessin des deux courbes ancienne et nouvelle Photo 11 le dessin des deux courbes ancienne et nouvelle. 

photo 12 la même portion de voie en février et sous le soleil Photo 12 la même portion de voie en février.

Au bout du compte, la future « avenue » apparaît peu à peu. Finis les coups de volant, les embardées dans les virages en épingle à cheveu. Nos ancêtres iminiens n'y croiraient pas ! 

photo 13 l' Photo 13 l'« avenue » en chantier.

L'insécurité routière, les pluies diluviennes provoquant des chutes de roche, les effondrements sont la justification de tous ces travaux gigantesques … pour quelques années encore. Et en hiver ça promet des beaux « embourbements » des engins de chantier.

Progressivement le décaissement de la route permet de mesurer l'ampleur du travail. Et l'on mesure mieux la largeur du manteau de montagne à rogner pour redresser la route. 

photo 14 le décaissement impressionnant Photo 14 le décaissement impressionnant.

photo 15 les travaux dans l'oued Photo 15 les travaux dans l'oued.

Les travaux dans l'oued sont encore plus impressionnants. Dans un premier temps le lit est obstrué en partie par une digue sur laquelle les engins préparent le terrain, creusent les fondations du mur, et ensuite dégagent les gravats. Tous les matériaux proviennent des coupes de virages. Le chantier est proche et le transfert d'autant plus rapide. La seule difficulté consiste à planifier les travaux de chaque côté, pour déverser les blocs de roche dans le lit de l'oued.

Déjà les ferrures installées dessinent le squelette du futur mur bétonné monté plus loin, servant à la fois d'élargissement de la route vers l'oued et d'effacement de la courbe. 

photo 16 le squelette des ferrures à béton

Photo 16 le squelette de ferrures à béton

photo 17 le mur bétonné Photo 17 le mur bétonné protégeant la route.

Cette passerelle brisée témoigne de la violence du courant lors des fortes chutes de pluie, et démontre la nécessité des travaux définitifs pour ne pas en recommencer la construction chaque année. 

photo 18 la passerelle brisée Photo  18 la passerelle brisée.

Là aussi une halte à l'auberge de Tagudalt, précédant le village de Toufliht, est indispensable pour se décontracter et caler un estomac malmené par les conditions routières éprouvantes. 30 km/h de moyenne, derrière des camions : ça creuse, ça énerve ! Le remède est tout trouvé : un thé à la menthe, quelques biscuits.

 photo 19 l'auberge de Tagudalt Photo 19 l'entrée de l'auberge de Tagudalt.

Voir Toufliht, c'est voir le bout du « tunnel » et pouvoir accélérer un peu l'allure, quoique le village soit aussi en travaux, mais on sait aborder la fin du chantier pharaonique. Dès le passage de la source la pente du terrain s'adoucit, et une grande auberge se construit dans le centre bourg, peinte en un rouge profond pour ne pas la manquer. 

photo 20 le village de Toufliht Photo 20 le village de Toufliht.

La route est meilleure pour rejoindre Marrakech, malgré le temps maussade, qui ne s'éclaire que dans la banlieue de la grande ville. La fin du voyage est silencieuse, un silence de fatigue. Notre dernier plaisir consiste à emprunter la route de la médina, longer les golfs et passer devant le Méchouar.

L'arrivée à l'hôtel Chems est un soulagement au terme de cinq heures de trajet depuis l'« embranchement » de Sainte Barbe-Ouggoug et nos haltes touristiques. 

photo 21 la Koutoubyia depuis la chambre de l'hôtel Chems 2 Photo 21 la Koutoubyia depuis la chambre de l'hôtel Chems.

D'abord regarder si la Koutoubyia est toujours à sa place depuis notre séparation. Un rayon de soleil illumine la Merveille.

Ouf ! Une douche bien chaude, une bonne bière au bar de l'hôtel, … et le séjour à Marrakech peut continuer. 

photo 22 le pacha se fait cirer les chausures Photo 22 le pacha se fait cirer les chaussures.

La deuxième version, celle de février, se termine plus prosaïquement à la terrasse d'un bar de la rue piétonne, à proximité immédiate de Jemaa el Fna. Je me laisse convaincre par un cireur de chaussures de lui confier mes mocassins de cuir noir. Et aujourd'hui je ne regrette pas l'initiative qui montre l'adresse avec laquelle il traite mes chaussures : depuis un mois je n'y ai pas touché, elles conservent le même éclat. Il avait bien mérité la grosse pièce que je lui ai donnée en échange de son art et de la sympathie qu'il dégageait. Tous les deux nous étions satisfaits de notre rencontre imprévue.

La suite au prochain numéro, très bientôt.

Tichka-auto-blindée-2morts-avril-1936

BONUS:  Le quotidien Le Petit Marocain du 15 avril 1936, nous laisse à penser que la route était fort étroite il y a 80 ans. Le photographe Boyer avait illustré le terrible accident d'une auto blindée renversée dans l'oued au fond du ravin en contrebas de la route du Tichka. Deux militaires furent tués et deux autres blessés dans cette sortie de route.

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  • UN BLOG POUR LES IMINIENNES ET IMINIENS ORIGINAIRES DE BOUTAZOULT ET D’OUGGOUG SAINTE-BARBE DESIRANT : FAVORISER LEURS RENCONTRES, PROMOUVOIR L’ÉCONOMIE LOCALE ET UN MUSÉE DE LA MINE, MOTIVER LA JEUNESSE & L'ECOLE DE TIMKKIT
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