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BOUTAZOULT IMINI TIMKKIT 2008
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19 novembre 2020

Fatima BELKHEIR

Notre ami Bou Tazoult nous propose: "Un intermède en attendant la suite de voyage dans les villages des mines d’Imini, qui demande encore un peu de temps pour la mise en page.
Dernièrement, un lecteur du blog, BAYOUSSEF, a cité Fatima BELKHEIR dans un commentaire. 
Cela m'oblige à en parler et à raconter quelques anecdotes la concernant. Sera-ce enjolivé par ma mémoire affective ? Peu importe."

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 Photo 1 - Fatima BELKHEIR en beauté
Comme nombre de personnes affectées aux tâches ménagères dans les familles européennes, Fatima BELKHEIR mérite de ne pas tomber dans l'oubli. Beaucoup d'entre nous ont partagé un véritable attachement avec ces personnes simples, qui découvraient la vie familiale des européens, variable suivant les foyers, l’origine, la classe sociale, le caractère, …
Il n'empêche que les deux parties, employeurs et employés, se sont enrichies mutuellement de cette promiscuité, découvrant réciproquement leur mode de vie, leur cuisine, leur habillement, etc … Couscous et tajines ne sont-ils pas devenus des classiques de notre cuisine, voire même nos spécificités culinaires ? Combien de bretons avons-nous invité à notre table, pour leur faire goûter le couscous maison ! Et combien sont revenus, … en courant, et parfois en commandant le plat à l’avance !
Aujourd'hui, je ressuscite Nana, surnom affectueux que nous lui donnions quand nous étions enfants, et conservée indéfectiblement dans notre mémoire.
Elle est arrivée chez nous quand nous habitions, à Bou Tazoult, une grande maison située sous l'esplanade du tennis et au-dessus de l’école marocaine. Engagée pour faire le ménage, elle s’est attelée à la tâche courageusement, … après ses heures de travail à la laverie, comme le faisaient beaucoup de femmes à trier le minerai.  

Photo 2 les femmes trient le minerai à la laverie

Photo 2 - les femmes trient le minerai à la laverie
Poussière noire pénétrante, station debout permanente, mains écorchées par la manipulation des blocs de manganèse, il fallait tenir le coup, pour enchaîner par quelques heures supplémentaires de ménage dans une maison.
Elle était gentille Nana, toujours disponible et souriante, elle appréciait la compagnie des cinq enfants que nous étions, et mettait beaucoup de coeur à l’ouvrage. Nous lui rendions avec plaisir l’affection qu’elle nous portait. Pour elle, ce travail était moins difficile que celui de la laverie, mais il arrivait en supplément. Ça lui rendait service, dans le sens où avant d’attaquer le « chantier », elle en profitait pour faire un brin de toilette dans la buanderie : un confort que son logement ne lui permettait pas.
Peu à peu, Nana s’est insérée dans notre famille, et s’accordait bien avec le cuisinier : d’abord Atman, un ancien de l’armée française pendant la campagne d’Italie (dont il avait rapporté des problèmes pulmonaires), et ensuite El Madani, au caractère plus ombrageux, quoique très sympathique quand on ne le bousculait pas dans ses principes machistes. 

Photo 3 Nana et El Madani à Sainte Barbe

Photo 3 - Nana et El Madani lors de la Sainte Barbe
Nana s’est si bien glissée dans notre famille, qu’elle a comblé l’absence d’une grand-mère. Elle ne parlait pas le français, nous ne parlions ni l’arabe ni le berbère, … et pourtant tout le monde se comprenait parfaitement avec le sourire, tout le monde s’embrassait. Nous lui manquions quand nous étions à l’école, elle nous manquait quand elle était chez elle. Jamais mariée, sans enfant, mais issue du harem du Glaoui, elle reportait sur nous tout l’amour qu’elle avait en elle.
L’accident mortel de notre petite soeur Betty, dans les virages du Tichka en 1966, a précipité le retour de la famille en France, d’abord à Lyon, puis en Bretagne que nous ne connaissions pas. Nana espérait faire partie du voyage, mais c’était impossible : elle ne mesurait pas le grand écart entre les deux pays, surtout à cette époque des années 1966-70, son dépaysement aurait été fatal hors de ses relations familiales. Nous l’avons perdue de vue pendant quelques années.
Quelle fut sa joie quand elle a appris que notre père reprenait son poste d’ingénieur du fond en 1970 ! Elle a aussitôt accouru à la maison, mais à Sainte-Barbe cette fois-ci, dans la villa contigüe au tennis-piscine. 

Photo 4 Scotch, le compagnon de solitude de Papa

Photo 4 - Scotch, le compagnon de solitude de Papa
Un cocker, compagnon de Papa, était venu agrandir le cercle, toujours avec El Madani comme chef de cuisine. Je savais notre père incapable de cuisiner, trop de travail par ailleurs, sans mesurer son temps.
Alors Nana est devenue fatalement la reine du ménage, autonome, et particulièrement inventive dans sa méthodologie. D’abord poser toutes les chaises sur les tables, puis enlever et secouer les petits tapis dehors, les mettre à suspendre sur la rambarde de la claustra extérieure, et balancer un seau d’eau sur le carrelage puisque tous les pieds de meuble étaient protégés. Ensuite un coup de serpillière partout, ouverture des portes et fenêtres jusqu’à séchage complet. Point final, avant de remettre tout en place. Malgré tout, ses journées étaient fort occupées, ne lâchant pas l’ouvrage, et aidant El Madani quand nécessaire (il n’aimait pas trop qu’on vienne dans ses pattes, mais supportait bien Nana, … et réciproquement), arrosait le jardin, binait par ci par là.
Profitant de la proximité du tennis, nous lui avons lancé des défis sur le court.

Photos-5-6-sur le court

Photos 5 & 6 - Nana aux salutations d’usage et Nana à la réception d’un lob  
Quand nous revenions, au gré des vacances scolaires, la joie entrait dans la maison, Nana virevoltait autour de nous, faisant voir généreusement son sourire en or 24 carats. 

Photo 7 la forteresse du Glaoui au milieu des champs et des arbres fruitiers

Photo 7 - La forteresse du Glaoui au milieu des champs et des arbres fruitiers
Ce sourire, elle l’avait acquis dans le palais du Glaoui de Telouet, où elle faisait partie du personnel. Et au jour de l’indépendance, au risque de voir le palais envahi par les troupes royales pour interpeller l’opposant de Mohamed V, Nana a emprunté une porte dérobée, et s’est sauvée avec ce qu’elle avait sur elle : dents en or, caftans luxueux, babouches brodées, verres de cristal Saint Louis, … Tout cela lui a servi à rebondir, à survivre, troquant ses biens au fur et à mesure des besoins, jusqu’à ce quelle arrive aux mines d’Imini à la recherche d’un moyen de subsistance durable.
Un jour de 1974, Papa est parti en retraite, a quitté définitivement le Maroc, pour rejoindre sa femme dans la région lyonnaise. Fin de l’aventure marocaine entamée en janvier 1951 ! Au grand dam de tous ceux qui avaient partagé sa vie professionnelle d’en haut jusqu’en bas de l’échelle, et de ceux qui, comme Nana et El Madani, avaient été ses compagnons à la maison.
Chacun est retourné dans ses pénates, qui El Madani dans son bled, qui Nana à Telouet, tristement. Se liquéfiant en larmes, avant de rejoindre neveux et nièces, dans une maison modeste non loin du palais du Glaoui, aux fenêtres encadrées de blanc. 

Photo 8 la maison basse de Nana aux volets bleus cernés de blanc

Photo 8 - La maison basse de Nana, aux volets bleus entourés de blanc
Un très beau cadre au milieu des champs de luzerne et de céréales. Quelques arbres fruitiers pour délimiter les champs.
Vraiment un bel endroit à la bonne saison, glacial en hiver, parce que le pisé n’isolait pas suffisamment les pièces carrelées de ciment, et pourvues d’un petit poêle à bois : pendant l’hiver les enfants souffraient de gerçures. 
C’est là que nous l’avons retrouvée en octobre 1998, au douar Imaounine, lors d’un voyage touristique obligatoirement dirigé dans le sud marocain de nos origines.
Venant de Ouarzazate-Aït ben Haddou, par la vieille piste cabossée, dans un gros 4x4 de location, notre groupe fait halte pour déjeuner sous tente caïdale aux abords de la forteresse-palais du Glaoui. Ahmed Boukhsaz était le patron de ce restaurant typique. 

Photo 9 Façade arrière du palais du Glaoui depuis la tente caïdale

Photo 9 - Façade arrière du palais du Glaoui depuis la tente caïdale 
Quelques touristes déjà installés sur les banquettes, attendaient leur couscous ou leur tajine, devant des bouteilles d’Oulmès ou de Fanta. Ambiance feutrée de mi-journée où la faim prend le dessus sur la curiosité touristique.
Oui, mais moi je cherchais ma Nana, perdue de vue depuis plus de 20 ans : passer à Telouet sans tenter ma chance ? Impensable ! Impossible ! 
J’interpelle le serveur pour savoir s’il connaît une « Fatima BELKHEIR ». Trop jeune, il appelle le patron, qui est tout heureux de m’annoncer servir de tuteur de Nana puisqu’elle est analphabète. Abandonnant aussitôt son poste, il saute dans sa camionnette brinquebalante, et revient tout fier.
De la vieille 4L, nous le voyons extraire une toute petite femme pliée en deux, appuyée sur un bâton noueux, à la démarche laborieuse. Je vais à sa rencontre, et peu à peu je la reconnais comme étant véritablement MA NANA, en plus âgée, mais c’est bien elle. Je m’approche, la gorge nouée, je la salue avec quelques mots de  berbère, elle me tombe dans les bras mêlant pleurs et paroles indistinctes, s’accrochant à moi, ne voulant plus me lâcher, de peur que je lui échappe, que je m’envole à la moindre brise. 

Photo 10 je conduis Nana à notre table

Photo 10 - Je conduis Nana jusqu’à notre table sous la tente caïdale
Je l’installe au milieu de notre petit groupe, toujours collée à moi, s’agrippant à mes vêtements, silencieuse, buvant chaque mot de conver-sations qu’elle ne comprenait pourtant pas. 

Photo 11 Nana collée à moi

Photo 11 - Nana collée à moi
L’émotion est totale sous la tente. Un silence interrogateur s’installe parmi les touristes, venus uniquement pour visiter le palais local. Qu’est-ce que cette scène d’un européen enlaçant une vieille femme berbère, si petite, si ratatinée ? Et chacun d’interroger le patron sur les pleurs échangés. Une fois renseignés, les voilà qui applaudissent et reprennent joyeusement leurs libations, tout émus d’avoir assisté à ces retrouvailles chaleureuses.
Le temps du repas fut délicieux, mêlé de larmes de miel.
Bien entendu, le déjeuner fini, nous avons pris le chemin de sa maison, où les femmes et les filles se sont mises en quatre pour nous recevoir comme des hôtes de choix, tandis que nous leur distribuions vêtements et cadeaux rapportés de France. Embrassades, échanges d’étreintes. 
De multiples photos ont enregistré cette réception, avant que nous reprenions notre route, au grand désespoir de Nana, partagée entre la joie immense de notre venue inattendue et le regret de nous voir repartir. Mais nous l’avons consolée en lui promettant de revenir … Y croyait-elle ? Mais peut-on berner sa grand-mère d’adoption ?
L’émotion a étreint notre petit groupe tout au long de la traversée de l’Atlas, laissant une trace indélébile pendant des années. La visite du palais du Glaoui fut presque passée sous silence, malgré les magnificences entrevues dans ce qu’il restait des années 30 à 50. 

Photo 12 Un plafond du palais, en stuc

Photo 12 -  Un plafond du palais, en stuc  

Photo 13 Détail d’un mur décoré

Photo 13 - Détail d’un mur décoré
L’histoire avec Nana a connu d’autres épisodes. D’abord en juillet 1999, mois pendant lequel Hassan II était mort, et une éclipse de soleil avait nécessité une ordonnance royale pour interdire à la population de sortir des maisons et lui éviter ainsi la tentation de regarder en direction de l’astre, et se brûler les yeux.
Partant de Marrakech à la première heure, nous avions oublié cet évènement. Sur la route, une circulation inexistante, tout juste deux ou trois camions jusqu’à Toufliht. Arrivés à Telouet, nous entrons dans un village désert, aux volets clos : ni mouch (chat), ni kelb (chien), d’ordinaire nombreux à divaguer dans les rues. 
Nous garons notre véhicule à proximité de la maison de Nana, aussi close que les autres. Après avoir tambouriné, et expliqué à travers la porte qui nous étions, timidement, et avec de grandes précautions le battant s’entrouvre, laissant apparaître la tête inquiète de Brahim, neveu de Nana. Il me reconnaît, mais semble éberlué de constater qu’il fait jour normalement. Nous le mettons en garde contre la vision directe du soleil. Il appelle toute la famille, ouvre les volets, nous accueille avec chaleur, va chercher Nana abritée dans un recoin, laquelle fait ainsi la connaissance de mon fils. Nana l’accroche et s’installe près de nous deux : les deux mâles, le père roi et le fils prince héritier. L’image n’est pas fausse, pour cette femme qui n’a pas connu les joies de la maternité.
La surprise est totale pour ces gens, et pour nous recevoir dignement, ils délèguent les enfants chez les voisins pour emprunter le thé, les biscuits, les dattes, le beurre rance destinés à nous faire plaisir. La bouilloire est posée sur le feu.  

Photo 14 La tablée autour du thé traditionnel

Photo 14 - La tablée autour du thé traditionnel
Nous ne sommes pas dupes de la modicité de leur quotidien, et savons les remercier pour leurs cadeaux en échanges des nôtres plus utiles pour leur vie quotidienne. Des provisions, quelques vêtements chauds indispensables pour vivre à cette altitude, où même les nuits sont fraîches, comme dans ma Savoie natale, le confort en moins. Quelques dirhams supplémentaires, pour les remercier du tapis confectionné en famille, et offert personnellement à mon fils, encore plus prince et encore plus héritier ! 

Photo 15 Nana offre un tapis familial au Prince héritier

Photo 15 - Nana offre un tapis familial au « Prince héritier ».
Une fête inespérée pour cette famille qui ne voyait rien d’autre que le temps qui passe entre les travaux des champs et sa nour-riture. On reviendra, parce qu’on s’attache facilement à cette famille vivant chichement des produits du veau et du mouton parquées dans la courette intérieure. 

Photo 16 les animaux parqués dans la cour intérieure

Photo 16 - Les animaux parqués dans la cour intérieure
L’année suivante, toujours fidèle à Telouet, je suis arrivé discrè-tement à la porte de la maison, mais découvrant Nana assise sur un muret, en discussion avec une voisine, je suis passé devant les deux femmes, sans bruit. Surprise, la voisine s’était tue. Et Nana d’en faire autant, sans comprendre ce qu’il se passait. 
Je me suis assis auprès de Nana, sans parler. Sa voisine, interloquée d’un tel manège, n’osait intervenir. Pas un mot. A cause de sa cataracte, Nana était aux aguets, devinant une présence à ses côtés. 
Quoi ? Une odeur, un parfum, un frémissement ? Brusquement, elle me saisit le bras, et crie mon prénom dans son langage berbère. Comme lors de notre première rencontre, elle ne me lâche plus, appelle sa famille, … et le cérémonial de réception reprend comme à l’habitude. Pleurs à l’arrivée, pleurs au départ, on s’habitue ! Toujours avec un seul objectif : revenir embrasser ma « grand-mère » d’adoption.
D’année en année, la cataracte l’handicape davantage.
Quand on aime, on le fait savoir, et on ne compte pas. Alors en mai 2002, avec Maman nous remettons le couvert, toujours sans prévenir, en compagnie de notre fille Anne-Laure et de Aomar NOUKRATI, fidèle ami, ancien gardien de la maison des hôtes de Marrakech. 

Photo 17 avec le traducteur Aomar Noukrati

Photo 17 - en compagnie d’Aomar NOUKRATI
La famille de Nana apprécie nos visites impromp-tues.  

Photo 18 Nana et Maman les deux inséparables

Photo 18 - Nana et Maman, les deux inséparables
Mais cette édition atteint son paroxysme, avec des étreintes infinies entre Nana et Maman, séparées depuis près de 30 ans. Des rires ponctuent toutes les histoires, les souvenirs traduits par Aomar. Le temps s’écoule vite, et il nous faut repartir … avant que la famille ne se mette en cuisine pour nous retenir.  

Photo 19 la famille quand les enfants sont à l'école

Photo 19 - de la famille, … quand les enfants sont à l’école 

Photo 20 L’instant douloureux de la séparation

Photo 21 Nana connaît par coeur les pièges du terrain

Photo 20 - L’instant douloureux de la séparation  
Photo 21 - Nana connaît par coeur les pièges du terrain  
Nana et Maman, âgées toutes les deux, sachant qu’elles ne se reverraient peut-être plus, toutes deux se sont quittées avec une grande peine au coeur. … Et elles avaient raison de ressentir cette crainte puisque Nana s’est envolée à ses 90 ans supposés, d’après la carte d’identité rédigée par l’état civil, en évaluant à peu près sa date de naissance.
Une des dernières occasions, parce que Nana, très amaigrie, ne sortait plus de sa chambre, où elle reposait sur un tapis.
Progressivement, elle a glissé vers une fin douce, … un jour son âme s’est envolée, ne laissant derrière elle que des regrets pour ceux qui l’ont connue.
Cela n’empêchera pas d’autres passages à Telouet autant de fois que nous irons dans le sud marocain. La famille restante a toujours besoin de nous, et nous lui rendons ce que Nana nous a procuré tout au long de sa présence dans notre maison : de l’amour, toujours de l’amour. 

Photo 22 Nana s’en est allée, laissant la place à la nouvelle génération de ses neveux et nièces

Photo 22 - Nana s’en est allée, laissant la place à la nouvelle génération de ses neveux et nièces.   xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx  

Photo 22 Une maternité si belle !

Photo 23 - Une maternité si belle !

Telouet n’est qu’une station sur un chemin marqué d’autres stations aussi indis-pensables que celle d’Agouim (école de broderie et menuiserie au « dispen-saire » du père Norbert), celle des mines d’Imini, … et maintenant celle de Ouarzazate (association Al Michkat de Malika Abdeddine).

Pèlerinage, dites-vous ?
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  • UN BLOG POUR LES IMINIENNES ET IMINIENS ORIGINAIRES DE BOUTAZOULT ET D’OUGGOUG SAINTE-BARBE DESIRANT : FAVORISER LEURS RENCONTRES, PROMOUVOIR L’ÉCONOMIE LOCALE ET UN MUSÉE DE LA MINE, MOTIVER LA JEUNESSE & L'ECOLE DE TIMKKIT
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