Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BOUTAZOULT IMINI TIMKKIT 2008
Archives
Derniers commentaires
14 août 2009

LE DOCTEUR CHATINIERES A IMINI DES 1913

DEUX TEXTES DU DOCTEUR PAUL CHATINIERES, EXTRAITS DE SON LIVRE: LE GRAND ATLAS MAROCAIN NOUS PARLENT DE L'AMITIE ET DES TRADITIONS A IMINI AVANT LA MINE DE MANGANESE

Le docteur Paul Chatignières fut un médecin que Lyautey avait envoyé dans l'Atlas pour soigner les maladies, lutter contre les épidémies et évaluer les besoins des tribus en matière de santé. Lors de sa première période au Maroc (1912-1916) il fit partie du Groupe Sanitaire Mobile (GSM) de Marrakech et c'est à ce titre qu'il exerça son métier de médecin dans l'Atlas.

Un musée lui a été consacré à Taroudant où lors de sa seconde période marocaine (1924-1928) il est décédé des suites d'une épidémie de typhus qu'il combattait. Ce musée dispose d'un site internet:  MUSEE CHATINIERES

 

Ecoutons le docteur Chatinieres parler des traditions d'accueil de la vallée de l'Imini telles qu'elles existaient il y a un siècle:

« Le cheikh, pour fêter ma venue, avait ordonné des réjouissances à la mode du pays, et à la chute du jour. quelques hommes réunis sur la place du village tapaient à coups redoublés sur de grands tambourins en peau de chèvre, appelant ainsi les montagnards et les conviant à la fête de nuit. La vallée, à ce moment, paraissait plus resserrée encore et le site plus intime.(...) Le serpent argenté de l'oued, animé par la rapidité du courant, palpitait de mille reflets. Son murmure accru par le silence de la nuit se répercutait à tous les échos de la montagne, coupé par le rythme sauvage des tambourins; à leur appel, de petites lumières vacillantes, apparaissant alors au-dessus de nos têtes, descendirent lentement en zigzags; elles grandissaient en s'approchant, laissant bientôt distinguer de petits groupes d'hommes et de femmes, précédés d'une lanterne. Les nouveaux venus s'alignèrent, épaule contre épaule, les hommes avec les hommes, les femmes ensemble.

Les deux groupes se faisaient face. Les hommes aux tambourins entonnèrent alors d'une voix criarde une vieille cantilène; les femmes reprirent l'air d'une voix douce, fine et timide. Insensiblement, ils se mirent à danser; les épaules penchées en avant, et les têtes nonchalamment inclinées. Le groupe des hommes et celui des femmes, comme deux longs chapelets, se balançaient lentement et d'un seul mouvement, les genoux pliaient, les hanches oscillaient, toutes les épaules s'élevaient et s'abaissaient en même temps, les mains jointes battant en cadence et les pieds frappant le sol.

Les deux groupes décrivaient lentement des courbes en ailes de moulin. Petit à petit, le rythme s'accéléra et les mouvements se précipitèrent. Brusquement, la lune se montra dans l'entrebâillement des deux sommets neigeux et chassa les ombres qui dissimulaient les danseurs. Aussitôt les physionomies fines et gracieuses des femmes se devinèrent, s'harmonisant avec leurs costumes blancs, rehaussés du voile et de la ceinture de couleur si seyante qu'elles avaient revêtue pour la fête. Les hommes paraissaient rudes et leurs muscles épais s'accordaient assez bien avec la bonhomie de leurs traits. La douce lumière que la lune répandait sur toute la vallée, le murmure si doux de l'oued, la simplicité des chants et de la danse formaient un ensemble d'une exquise et paisible harmonie. De loin, nous parvenaient les cris aigus et plaintifs du chacal en chasse et de la panthère aux aguets dans la haute forêt. On m'invita à m'étendre sur un tapis étalé à terre et on me servit du thé à la menthe pendant que les danseurs infatigables continuaient leurs ébats jusqu'à une heure avancée de la nuit."

Sans en donner le nom, le docteur Chatignières nous décrit l'aouach, telle qu'elle se pratiquait il y a un siècle dans la vallée de l'Imini. Il la décrit non pas comme un musicien, mais comme un médecin plus sensible aux mouvements des corps et à la lumière.  Est ce qu'elle se pratique toujours comme autrefois ? L'influence du tourisme ne l'a t elle pas modifiée ?

Le docteure Paul Chatignières s'intéressait aux traditions berbères et écoutant le poète Si Hammon qui parlait de l'amitié, il se fit traduire les paroles par Hadj Aomar son ami qui l'accompagnait:
« Que Dieu garde Si Hammon, le chanteur :
« La balle de l'embusqué est plus amère que tout.
« Les larmes de l'ami qui pleure sont amères.
« Le laurier-rose est amer; qui jamais l'a mangé et trouvé bon ?
« Moi, je l'ai mangé pour mon ami; il n'était pas amer.
« Il ne dira jamais, celui qui n'a pas d'ami:"J'ai été heureux."
« Parce que, la vie, ce sont les amis qui la font passer.
« Celui qui a le cœur brisé, qui le guérira ?
« Sinon le sourire de l'ami, ou sa parole.
« Le cœur qui n'a point à qui parler,
« Mieux vaut, pour lui, l'exil ou même la mort.
« Le fusil ne se sépare pas de la balle.
« Les yeux peints ne se séparent point de l'antimoine.
« Le cœur ne se sépare pas de ses amis,
« Jusqu'à ce qu'ils entrent sous terre. »

Timkkit2008 a trouvé important de permettre aux iminiens de disposer de textes parlant de leur patrimoine artistique et littéraire. Peutêtre que cette chanson sur l'amitié pourra être retraduite en langue berbère afin qu'elle puisse retrouver les mots de son inspiration première. Puisse-telle toujours inspirer les Iminiens d'aujourd'hui ? 

Publicité
Commentaires
H
bonjour.<br /> <br /> je suis médecin neurologue à Marrakech.<br /> <br /> je cherche des renseignements sur le docteur Marti Feced Carlos qui était médecin des mines et aussi à l'hôpital de Ouarzazate.<br /> <br /> merci pour tout renseignement utile.
Répondre
Publicité
BOUTAZOULT IMINI TIMKKIT 2008
  • UN BLOG POUR LES IMINIENNES ET IMINIENS ORIGINAIRES DE BOUTAZOULT ET D’OUGGOUG SAINTE-BARBE DESIRANT : FAVORISER LEURS RENCONTRES, PROMOUVOIR L’ÉCONOMIE LOCALE ET UN MUSÉE DE LA MINE, MOTIVER LA JEUNESSE & L'ECOLE DE TIMKKIT
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité