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BOUTAZOULT IMINI TIMKKIT 2008
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3 août 2019

Retour à Boutazoult au printemps 2019 (saison 2)

Jean-Yves TRAMOY donne une suite à son reportage publié ici le 25 juillet:

"Bou Tazoultis, enfin la suite que vous attendiez arrive. Retenez votre souffle : inévitablement, cette description de Bou Tazoult sera découpée en plusieurs épisodes, compte tenu de sa longueur et du grand nombre de photos expédiées, afin que la majorité des lecteurs y trouve son bonheur !  

Certains d'entre vous seront déçus parce qu'ils n'y trouveront pas ce qu'ils y cherchent intimement : leur maison et celle de leur voisinage.

Mais il y aura d'autres occasions, de ma part, et j'invite les autres visiteurs éventuels à se greffer à cette recherche, et à apporter leurs témoignages et leurs documents. Néanmoins dès aujourd'hui j'essaie de vous communiquer le maximum de documents en ma possession. Vous pourriez, en échange, fournir à l'ensemble des lecteurs, vos documents plus anciens pour établir des comparaisons, … ou exprimer des questions, des souhaits. 

Y a-t il des erreurs dans mon reportage ? Commentez, corrigez si besoin, je ne demande que ça.

Je propose même que ceux qui se rendent dans le sud marocain nous en informent (directement ou par la voie du blog), de façon à favoriser les échanges et à enregistrer les demandes de ceux qui ne peuvent s'y rendre."

Quitter Timkkit, c'est vouloir s'enfoncer dans le jebel vers Bou Tazoult distant de dix kilomètres. Mais quitter Timkkit c'est laisser derrière soi la beauté saisissante de ce site mêlant casbahs ouvrières et maisons traditionnelles dans leur écrin de mamelons caillouteux, pelés, d'un vert léger, au bord du premier parc arboré, tandis qu'au loin la chaîne de l'Atlas enneigée peine à se détacher sur un ciel d'azur pâle. Cela ressemble à Aït ben Haddou et son décor de cinéma. Quelle chance de pouvoir jouir d'un aussi bel ensemble au pied d'une exploitation minière ! Et cela symbolise bien ce que nous avons toujours ressenti en habitant dans les mines d'Imini : le travail a procuré une qualité de vie ! Un cadre bienfaisant, malgré l'effort, la sueur, les difficultés de toutes sortes ! 

Le-Village-minier-2019  Photo 1 le village de Timkkit.

A mi-chemin de Bou Tazoult, deux puits sont en activité : d'abord Assaoud, flanqué d'un petit puits secondaire, et Tighermit, LE PUITS, reconnaissable à sa haute cage, la fierté d'une époque révolue. Des puits que l'on est surpris et heureux de trouver à nouveau en exploitation, avec des ouvriers circulant autour, bien qu'on soit un dimanche. Peut-être une équipe d'entretien ? 

photo 2 le puits l'Aazib  Photo 2 le puits l'Aazib a pris de l'importance.

Bou Tazoult s'annonce d'abord par un puits agrandi, développé, presqu'en face de la célèbre bergerie du virage, affublée de « consoeurs » un peu plu loin vers le village. Nul doute que plusieurs troupeaux de moutons et de chèvres pâturent dans les collines environnantes quand la saison est favorable. Cette bergerie est l'un des symboles de Bou Tazoult, et ses concepteurs ont créé là un « monument » solide, malgré les années, sous la voûte naturelle abritant animaux et bergers ! Son enceinte de pierres protège encore l'enclos de moutons de l'incursion des prédateurs. 

photo 3 l'ancienne bergerie  Photo 3 l'ancienne bergerie.

Avant même le virage, sur la droite, les premières toitures affleurent la crête, avec un bouquet d'arbres faisant croire à une végétation dense, puis la chapelle et la piscine surgissent sur la hauteur, et encore d'autres maisons se détachent sur la terre rose. 

photo 4 les premières maisons de dos  Photo 4 les premières toitures apparaissent.

Le terrain est accidenté, raviné par les pluies. Dans cette portion, les seuls feuillus sont des eucalyptus, qui résistent vaillamment à toutes les agressions de la nature et des hommes, et renaissent à chaque fois, se rhabillant de feuillage pour camoufler leurs cicatrices.

A condition d'être bien sec, c'est un excellent bois de chauffage, qui met à mal les lames des scies et les chaînes de tronçonneuses, ceci explique cela. Les « bûcherons » malhabiles et mal équipés ne peuvent en couper que quelques branches, ou invalider le tronc sans succès, tandis qu'ils ont abattu sauvagement l'ensemble des arbres installés en terrasses surplombant les quartiers des villages. 

photo 5 l'érosion vers la route  Photo 5 l'érosion pluviale importante vers la route, sous l'oeil de la chapelle et de la piscine.

Des touffes épineuses rabougries courent sur le sol, captant et conservant les gouttes d'eau dans leurs racines. La survie, toujours la survie ! Alors, si ces plantes survivent, de petits animaux doivent certainement en profiter pour se nourrir et nicher dans des trous. Pourquoi pas nous ? Pourtant la suggestion d'une présence humaine permanente est tout à fait utopique. Comment faire sans eau courante, sans électricité ? Tout ce confort que nous avons connu, et dont nous serions bien incapables de nous passer maintenant, surtout à notre âge de cheveux grisonnants …

Les gardiens et les ouvriers du site n'ont pas le bénéfice de ce modernisme, ils vivent au contact d'une nature rude et sauvage, à l'aide de citernes d'eau livrées régulièrement, de groupes électrogènes indispensables à leur travail de mineurs.

L'oeil averti remarque les bornes en pierres blanchies citées précédemment, qui soulignent le chemin montant à Bou Azzer.

Sur les photos suivantes apparaissent les rangées successives des maisons du dernier quartier construit à Bou Tazoult, dont l'état dégradé d'une toiture contraste avec l'aspect quasi neuf des peintures extérieures, alors que les maisons sont inhabitées depuis longtemps.

Le quartier se dessine peu à peu, dégageant la vue jusqu'au cercle des ingénieurs, … ravagé par des vandales. 

photo 6 les premières maisons resplendissantes sous le soleil

Photo 6 les premières maisons resplendissantes sous le soleil. photo 7 une deuxième tranche du même habitat  Photo 7 une deuxième tranche du même habitat. 

Certains d'entre nous sont en mesure d'associer les habitations et d'en nommer leurs occupants. 

Furtivement nous glissons vers un quartier plus ancien, avec, sur la droite, une maison préfabriquée de la première mouture, et les premières maisons en dur. Deux palmiers se cachent derrière un eucalyptus décharné, et apportent un peu de diversité végétale. Le cercle des ingénieurs domine le quartier étiré dans ce vallon. 

Dans la maigre végétation, au sol des traces éparses témoignent des dernières recherches de minerai, effectuées au seul pic par des ouvriers tâcherons « flairant » le filon. Dans ce secteur l'une des premières descenderies de la nouvelle ère de recherches produisait quelques wagonnets de manganèse, au pic et à la sueur. 

photo 8 le quartier sous le cercle des ingénieurs

Photo 8 sous le cercle des ingénieurs. 

photo 9 la descenderie en 2010

Photo 9 la descenderie en 2010.

La photo suivante situe mieux les lieux, avec trois des repères remarquables de Bou Tazoult : le château d'eau de Bou Azzer, l'auvent de la piscine, la chapelle, sous laquelle on devine émerger la maison de l'ingénieur du jour Azam, ... et derrière le poteau affleure le toit de l'école. 

photo 10 les trois points de repère  Photo 10 les trois points de repère.

Nous sommes à proximité immédiate de l'école, et l'AVENUE goudronnée, rectiligne, bornée de pierres blanches, conduit au « centre commercial » du village, avec le borj sur la hauteur. 

photo 11 l'avenue  Photo 11: l'« avenue » menant à la cantine.

En tournant la tête à gauche, on suit le cours tari du ruisseau, serpentant jusqu'à un fossé démarrant derrière la cantine, et courant jusqu'à la bergerie, servant de « canal » d'évacuation des eaux usées. De fait, la palette des couleurs ravive nos souvenirs et ce que nous pouvions admirer quand le vent chaud ne nous recouvrait pas de cette poussière noire si pénétrante. Fin février, malgré le peu de pluies tombées cet hiver, la végétation, quoique rabougrie, reste verte. Ovins et caprins ont là une belle réserve de nourriture.  

photo 12 le ruisseau à sec

Photo 12 le ruisseau à sec.

En tournant la tête à droite surgit cette maison, un peu esseulée en bord de route. En fait elle a des voisines proches, mais les bâtiments sont suffisamment espacés pour autoriser des potagers à l'abri de haies de roseaux les protégeant des vents mauvais. Comme le chantait Verlaine dans son poème « Chanson d'automne » : « Je me souviens Des jours anciens Et je pleure Et je m’en vais Au vent mauvais Qui m’emporte Deçà, delà, Pareil à la Feuille morte »

Toutefois, ne baignons pas dans cette nostalgie, marquée par la tristesse, conservons plutôt le souvenir de ces périodes heureuses, dont les malheurs grands et petits cicatrisent avec le temps.  

photo 13 qui dans cette maison ?  Photo 13 quelle famille a vécu dans cette maison ?

Devant cette maison, un large plateau sur lequel se penchent des takaouts tortueux, à la recherche d'une source souterraine susceptible de les abreuver. Preuve que l'on pourrait conserver des arbres, voire même replanter certaines essences susceptibles de survivre dans cet univers ingrat. 

Des cailloux bordant les anciennes allées sont restés en place, mais le potager s'est desséché, pas même remplacé par des mauvaises herbes. Il serait facile de relancer une activité jardinière dans ce sol dont la terre est riche et reposée. L'eau, l'eau et tout repart … Ça coule de source ! 

photo 14 les takaouts tortueux  Photo 14 les takaouts tortueux.

Un regard en arrière pour ne pas négliger l'école, ce carré clos qui a abrité, dans ses deux classes et dans sa cour modeste, sous son préau, tous nos rires, nos facéties, nos apprentissages scolaires, nos réussites, nos échecs, tout ce que nous avons laissé derrière nous. Cette école a vu défiler plusieurs   « maîtres et maîtresses » venus y enseigner, souvent en couple, et ayant leurs propres enfants dans la classe sans doute. Ils ont fait un temps et sont partis ensuite vers d'autres horizons. Il serait intéressant de citer ceux que nous avons connus, et de narrer nos souvenirs les concernant. 

photo 15 l'école  Photo 15 l'école de nos jeunes années.

Sur la photo, un détail commence à éclairer LA DIFFICULTÉ MAJEURE que j'ai rencontrée en arrivant à Bou Tazoult. Au pied des arbres court un câble, solide, sans doute issu des tractions de wagonnets, un câble qui encercle le village en entier, qui en empêche l'entrée avec un véhicule. 

Il faut savoir que la mine est une propriété privée, et qu'une surveillance active y est effectuée au moyen de trois gardiens, … qui prennent leur travail à coeur, croyez moi. Ils ont une consigne, une seule : aucune pénétration d'étranger à l'intérieur de ce village moribond. Des actes de vandalisme ont été commis, que vous pourrez constater dans la suite des épisodes.

Le constat est là : je n'ai pas pu me rendre dans cette portion de Bou Tazoult, délimitée entre la route, l'école et la montée à la chapelle. Je n'ai pu photographier que depuis la montée. Mais vous aurez les photos, qui vous permettront certains repérages, … sinon vous feriez des caprices. 

photo 15 l'école

Photo 15 l'espace entre la maison et l'école.

L'espace entre la maison et l'école permet d'entrevoir d'autres maisons, dont vous serez plus à même que moi de dire quels en ont été les occupants. Le câble continue à courir plus loin. 

photo 16 les maisons jumelées voisines  Photo 16 les maisons jumelles basses.

Toujours le long de la route, des maisons basses jumelées font suite à la précédente, dont la plus éloignée a été occupée par la famille Pecoraro.

A la verticale de la chapelle, on note d'abord la maison Azam, puis le garage de la maison des médecins Mandrycka et Gorce (Decailloz en fin de présence européenne), et arrivée à la maison Magueur. La maçonnerie des murs de soutien et des escaliers semble neuve, pourtant elle a 70 ans ou plus.  

photo 17 sous l'église, dans la montée  Photo 17 de la chapelle jusqu'en bas.

En bas, derrière la rangée de bord de route, une maison surélevée, massive. Elle est desservie par la rue en terre qui distribue tout le quartier depuis l'école (et qu'on ne peut voir sur la photo). De mémoire elle a été attribuée à la famille du géomètre Magueur, et peut-être à la famille des instituteurs Le Gouic, curieusement deux familles du Nord-Finistère et du Sud-Finistère, où je les ai retrouvées. 

On remarque que les murs commencent à souffrir de l'humidité. Qu'en est-il de l'intérieur de cette maison « close » en permanence ? Un peu plus haut, des couvertures séchant à la fenêtre traduisent l'occupation d'une des maisons jumelées sises au-dessus du chemin de la chapelle, face à la maison du colonel Benoît. Maison occupée par un des gardiens du site ou par des travailleurs de la mine ?  

photo 18 maison Magueur  Photos 18 la maison Magueur.  

photo 19 maison Benoist Photo 19 la maison Benoist.

Presque une plate-bande verdoyante, signe d'une retenue d'eau en profondeur ? On arrive à l'intersection route-rue du quartier, non loin de la maison des époux Horn, cachée derrière le rideau d'arbres. La maison du colonel Benoist, citée précédemment, est à l'extrême droite, première sur le chemin de la chapelle. Le bâtiment de la « cantine » est au bout de la route goudronnée : on aperçoit le pignon du cinéma et les fenêtres du cercle des employés.  

photo 20 intersection route-rue du quartier  Photo 20 l'intersection route-rue du quartier.

Chaque maison, chaque mètre carré de terrain est porteur d'histoires, que seuls les anciens occupants peuvent raconter. A vos plumes Sergent Major, comme celles utilisées lors de nos premières années d'école primaire.

A la suite de cette visite bridée, une constatation s'impose. Les potagers, les cultures florales ont disparu, personne ne peut s'en étonner. Mais ce qui est frappant, c'est que toutes les maisons soient facilement visibles de toute part : toutes les haies de roseaux et autres végétaux ont été rasées. On sait que les roseaux sont suffisamment résistants pour tenir dans ce milieu hostile, et qu'ils l'ont fait depuis des dizaines d'années, et même qu'ils repoussent lorsqu'on les coupe au ras. 

Le fait est que ce « nettoyage » des roseaux est le résultat d'une volonté de supprimer tout élément pouvant cacher les bâtiments, afin de pouvoir les surveiller à tout moment et d'empêcher les interventions de cambrioleurs. C'est ainsi que la tâche des gardiens du site est facilitée.

Il faudra patienter jusqu'au prochain chapitre, le temps de rédiger, de choisir les photos, de mettre en page, mine de rien c'est chronophage.

Merci à Jean-Yves pour ce reportage, saison 2, entre passé et présent; il permet à chacun de caresser ses souvenirs.et de constater qu'une nouvelle vie pénètre progressivement dans ce que furent nos maisons. A sa suite, partageons nos souvenirs

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Commentaires
A
Que Dieu aie l âme de si Haj Roudani , connu par tous, ami de tous. Je garde de lui, le souvenir d'un homme sérieux, honnête, très communicatif, sens d' écoute hors de paire, surtout, proche de toutes les couches sociales de Boutazoult.<br /> <br /> Sincères condoléances à ses enfants avec lesquels nous. avons partagé les bancs de l école durant les années soixante.
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M
bonjour, <br /> <br /> j'ai revu les photos des maisons numérotées, et je porte une correction quant au numéro de notre deuxième habitation ( c'est pas facile de se repérer), c'est la maison jumelle n°20..<br /> <br /> à bientôt
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M
bonjour<br /> <br /> que de souvenirs en regardant ces images, j'ai été transportée dans le passé et l'émotion m'a submergé.<br /> <br /> la plupart des noms cités dans ce reportage me sont inconnus, nous sommes arrivés à Imini en1961, j'avais 8 ans (famille Cirrito) et nous avons occupé la maison N°13 en face de l'école.Puis on a déménagé dans une maison au dessus de celle de la famille Sanchez avec laquelle nous avons eu une grande amitié,jusqu'à leur départ. je crois qu'elle est numérotée 15/16, puis sur la photo 7 la dernière tout au fond.<br /> <br /> voilà.<br /> <br /> A suivre j’espère.<br /> <br /> Mireille Cirrito une iminienne nostalgique+++
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