NOUVEAU CONCEPT DE FORMATION DU GISEMENT DE MANGANÈSE D'IMINI

Monsieur le Professeur Mohamed RHALMI, spécialiste éminent de l'origine du Manganèse à Imini et dans la région, nous fait l'honneur de nous communiquer les résultats de ses derniers travaux particulièrement intéressants tant pour expliquer les gisements déjà en exploitation que pour orienter l'exploration future. Nous le remercions de permettre aux Iminiens et à nos lecteurs d'avoir connaissance des toutes dernières recherches scientifiques sur le sujet. Cette présentation de l'origine du manganèse d'Imini et de la région est en trois parties. Ci-dessous le résumé du nouveau concept au regard des concepts précédents.

Nouveau concept de formation du gisement d’Imini (Sud du Haut-Atlas central marocain) et son utilité pour l’exploration régionale du manganèse

Mohamed RHALMI  

Département des Sciences de la Terre, Faculté des Sciences et Techniques, BP. 523, Béni Mellal, Maroc

e-mail: mrhalmi@fstbm.ac.ma ou mohrhalmi@yahoo.fr

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lack; mso-fareast-language: ES;">Résumé  A Imini, la minéralisation manganésifère se présente sous forme de trois bandes minéralisées au sein de la barre dolomitique cénomano-turoniènne. 

La majorité des auteurs ayant travaillé sur Imini ont qualifié l’origine du manganèse de synsédimentaire liée à une mer peu profonde. Cette hypothèse a été basée sur l’impression générale que les couches minéralisées sont stratiformes et latéralement continues (Rhalmi, 1989, 1992, 2000 et Rhalmi et al. 1997). Ces auteurs ont aussi considéré que les oxydes / hydroxydes de manganèse, constituant le minerai d’Imini, étaient d’origine primaire. De rares auteurs ont suggéré une origine diagénétique ou épigénétique pour le gisement d’Imini. Force et al. (1986) a proposé un modèle où le minerai de manganèse est lié à une diagenèse tardive le long d’une zone de mélange d’eau douce et d’eau marine anoxique. Pouit (1964 et 1976) était le seul auteur qui a parlé d’une origine épigénétique et d’une source hydrothermale.

Le présent travail propose un concept de formation du gisement de manganèse d’Imini lié à une karstification intense et des dépôts, localement, de sédiments internes au sein d’un système de grottes étendu latéralement. Les données géochimiques ont montré que le gisement d’Imini est différent de tous les gisements sédimentaires connus de part le monde (Gutzmer et al. 2006). Ce travail propose un modèle épigénétique pour la minéralisation lié à un transport du manganèse par des fluides météoriques (et non pas par les eaux marines comme l’hypothèse de Force et al. 1986).

Le dépôt de la succession carbonatée évoque une incursion marine vers le golfe atlasique qui s’étendait de l’océan atlantique à l’Ouest vers la mer téthysiènne à l’Est pendant le Cénomanien supérieur – Turonien inférieur. Les dolomies cénomano-turoniènnes sont limitées, au sommet, par une surface karstifiée en contact érosionnel avec les grès et argiles des couches rouges sénoniènnes. Les trois couches de manganèse sont qualifiées de “bandes-strates” (et ne sont pas stratiformes) encaissées par des sédiments internes silicoclastiques dans un ancien système karstique.

La minéralisation de manganèse est composée d’agrégats poreux et mal consolidés de manganomélane riche en Ba, Pb et K (mélange de coronadite, romanéchite et cryptomélane) et de pyrolusite grossièrement cristallisée. Les teneurs élevée en Pb et Ba dans le minerai et les sédiments internes silicoclastiques sont liées à une altération dans un système karstique par les eaux de surface et à un transport puis une redistribution par les eaux météoriques. Ces teneurs élevées en Pb et Ba sont très différentes aux teneurs géochimiques connues dans tous les gisements synsédimentaires de manganèse.

L’âge absolu du début de la karstification et de la minéralisation en manganèse n’est pas connu, mais la période probable serait pendant les 5 MA de la régression marine post-turoniènne qui a occasionnée l’installation des couches rouges sénoniènnes. La source du manganèse est liée aux formations du socle rhyolitique et granitique (riches en Mn, Pb et Ba) de l’Anti-Atlas au Sud d’Imini.

Mots clés: Imini, Système karstique, Sédiments internes, Manganèse, Minéralisation.

HISTORIQUE DES MODELES METALLOGENIQUES D’IMINI

Parmi les modèles de minéralisation proposés pour le gisement de manganèse d’Imini, on peut citer trois principaux types:

·      Origine syn-sédimentaire – mer peu profonde  (Oxydes et hydroxydes de Mn d’origine primaire) :  Neltner, 1933 – Orcel, 1942 – Bouladon etJouravsky, 1952 – Lesavre. 1975 –Thein, 1990 – Lalaoui et al., 1991 – Rhalmi, 1992.

·      Origine épigénétique (et source hydrothermale du Mn) :  Westerveld, 1951 - Pouit, 1964, 1976.

·      Origine diagénétique ou épigénétique  (Diagenèse tardive : zone de mélange d’eau douce et d’eau marine anoxique) : Force et al., 1986.

 Références bibliographiques

Force E.R., Back W., Spiker E.C & Knauth L.P. 1986.  A ground-water mixing model for the origin of the Imini  manganese deposit (Cretaceous) of Morocco. Economic Geology., 81, 65-77. 

Pouit G. 1964. Les gîtes  de manganèse marocains encaissés dans les formations carbonatées: Eléments pour une synthèse: Chronique des Mines et de la Recherche Minière., 337, 371–380.

Pouit G. 1976.  La concentration de manganèse de l’ Imini (Maroc) peut-elle être d’origine karstique?: Compte Rendu Sommaire des Sciences de la Société Géologique de France., 5, 227–229.

Rhalmi M. 1989. Caractérisation pétrographique des formations manganésfères  du Crétacé supérieur dans la région d'Imini (Haut Atlas, Maroc), DEA. Université de Bourgogne. Dijon (France). 51p. 

Rhalmi M. 1992. Les systèmes sédimentaires cénomano-turoniens et sénoniens de la région manganésifère d’Imini (Haut-Atlas Central, Maroc) et leur évolution diagénétique: Doctorat d’université: Ph., Dijon (France). 168 p.

Rhalmi M., Pascal A., & Lang J. 1997. Contrôle sédimentaire et diagénétique de la minéralisation manganésifère au cours du Crétacé supérieur dans la région d’Imini (Haut-Atlas Central, Maroc): Comptes Rendu de l’Académie de Sciences, Paris (France). série IIa, 324, 213–220.

Rhalmi M. 2000. Le Cénomano-turonien au Sud du Haut-Atlas Central marocain (Bassins de Ouarzazate et Errachidia-Boudnib-Erfoud): Sédimentation, Stratigraphie et  Diagenèse: Doctorat d’Etat, Universités de Marrakech et Reims, 220 p.

Gutzmer J., Beukes NJ., Rhalmi M.& Mukhopadhyay J.2006. Cretaceous Karstic Cave-Fill Manganese-Lead-Barium Deposits of Imini, Morocco. Economic Geology. 101, 2,  385-405. 

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La description du nouveau concept de formation du gisement de manganèse d'Imini par M. le Professeur Mohamed Rhalmi sera développée ici à la date du 24 avril.